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Dossier Véronique Sablery :
En mémoire delle _ Projet dexposition au musée des Beaux-Arts de Rennes |
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Delle à elles. De la sainte à la femme, aux femmes, celles qui, à linstar de Marie-Madeleine la pécheresse, accomplissent leur peine dans lisolement et le retrait du monde. Choisi par elle, imposé à elles, ce retrait du monde engendre la même réalité : celle du dénuement et de la solitude. La Madeleine pénitente, dans la froide minéralité de la grotte où elle est représentée, rejoint en cela la condition des femmes en milieu carcéral.
À Rennes, il y a un musée des Beaux-Arts, il y a aussi une pri- son. Jai souhaité à partir dune oeuvre maîtresse de la collection du musée, La Madeleine pénitente de Philippe de Champaigne, instaurer un dialogue entre liconographie de la sainte et les femmes en prison.
Pour témoigner de ces deux entités, le sacré et le profane, jai choisi un médium façonné de lumière et dombre : la photographie. Photos de la sainte et des symboles sacrés qui lenvironnent, photos des femmes incarcérées et de leur quotidien. Un même support pour ces photographies : le verre, qui les rendra transparentes, telles des radiographies de lune et de lautre, delle et delles. De ces images translucides, parfois superposées lune sur lautre, naîtra la fusion, comme deux réa- lités qui se rencontrent bien que tout les séparent ; le temps, les circonstances et lhistoire. Mais nest-ce pas le pouvoir des images, quelles soient peintes ou photographiques, que de nous donner à voir leur réalité, au détriment de toute contingence réaliste ?
" En mémoire delle " furent les mots prononcés par le Christ à Madeleine au cours du repas où, le reconnaissant, elle lui versa du parfum sur la tête. Geste hautement symbolique et prémonitoire, qui fut incompris des apôtres assistant à la scène, le considérant comme du gâchis. Le Christ, à linverse, en reconnut la portée damour et de foi, et dit aux incrédules : "
ce quelle a fait sera raconté en mémoire delle ".
La photographie est affaire de mémoire, elle fait appel, elle nous rappelle. Mémoire delles, soustraites du monde et invisibles derrière les murs de la prison, en mémoire delle, la pécheresse repentie dont lobscure clarté interpelle le visiteur. |
Véronique Sablery |
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Et tandis quils étaient en Béthanie dans la maison de Simon le lépreux, alors quils étaient à table, vint une femme avec un flacon de parfum, un vrai nard, dun grand prix ; brisant le flacon, elle le versa sur sa tête. Il y en avait qui sindignaient entre eux : « A quoi bon avoir perdu ce parfum ? Car on aurait pu vendre ce parfum plus de trois cents deniers et les donner aux pauvres. » Et ils la grondaient. Jésus dit : « Laissez-la. Pourquoi la tracassez-vous ? Cest une bonne oeuvre quelle a accomplie sur moi. Toujours en effet vous aurez les pauvres avec vous et, lorsque vous voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne maurez pas pour toujours ! Ce quelle pouvait, elle la fait : elle a davance parfumé mon corps pour la sépulture. En vérité je vous le dis : partout où sera proclamée la bonne Nouvelle, au monde entier ce quelle a fait sera aussi raconté en mémoire delle. » Marc, 14, 3-9
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Lexposition de Véronique Sablery au Musée des Beaux-Arts de Rennes
aura lieu du 27 octobre au 11 novembre 2003.
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mis en ligne le 16/11/2003 |
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Dossier Véronique Sablery
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