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[verso-hebdo]
01-11-2012
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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FIAC : une institution très cohérente |
Jeudi 18 octobre : j’observe la longue file de gens qui attendent à la caisse de la FIAC, et je constate avec étonnement qu’ils vont devoir payer 35 euros. Ce prix dissuasif pourrait bien signifier que les organisateurs ne tiennent pas tellement à ce que les petites gens viennent encombrer les allées où l’on se montre entre VIP et où l’on fait des affaires. Mais alors, pourquoi ces personnes non désirées tiennent-elles tant à pénétrer tout de même dans le gigantesque espace magique du Grand Palais ? C’est qu’il y a en effet, un spectacle qui à leurs yeux en vaut la peine : celui des grands marchands du monde entier qui sont là, sourires éclatants, entourés de petits groupes compacts au sein desquels on reconnaît des artistes connus et toutes sortes de gens plus ou moins notoires, évidemment collectionneurs. Une collection d’art moderne et/ou contemporain n’est-elle pas aujourd’hui l’alpha et l’oméga de la conquête de la considération sociale ? Et n’est-il pas intéressant de contempler de près ceux qui ont réussi ? On veut voir les gens qui comptent. D’ailleurs, on n’entend pratiquement parler ici que l’anglais et - nouveauté 2012 - l’allemand (29 galeries berlinoises).
Dans un deuxième temps, on regarde les œuvres exposées. Le journal Le Monde assure que les foires d’art contemporain « n’aspirent à aucune cohérence, chaque galeriste montrant le meilleur de ce qu’il a ». Mais alors, pourquoi partout les mêmes artistes, appartenant tous à la fascinante liste des « 100 plus importants », établie d’après les données de la société Artfaxs par Le Journal des Arts? Là où Artprice se contente d’additionner les résultats en ventes publiques, Artfaxs multiplie les paramètres permettant de dire qui sont les artistes les plus « visibles ». Telle est la grande affaire pour un artiste : être parmi les plus « visibles » : les marchands de la FIAC se chargeront alors de les rendre encore plus visibles. « A celui qui a on donnera davantage, et à celui qui n’a rien on ôtera même ce qu’il a » dit l’Ecriture. Les marchands de la FIAC appliquent à la lettre le précepte biblique, de telle sorte que Lawrence Weiner, Anish Kapoor, Cindy Sherman, Gerhard Richter, Günther Förg, Anri Sala, Tony Cragg, Douglas Gordon, Thomas Hirschhorn, Carsten Höller... apparaissent dans de multiples stands. Le champion inattendu est sans doute Hans-Peter Feldmann qui est presque partout avec ses petites images. On admire ou pas, mais la cohérence commerciale de la « visibilité » est bien là.
J’oubliais de signaler qu’au moins un français, François Morellet, 84e sur la liste du Journal des Arts, est assez répandu : chez Catherine Issert de Saint-Paul, Annely Juda Fine Art de Londres, Kamel Mennour de Paris, Pietro Sparta de Chagny… L’autre français « visible » est Buren (58e sur la liste), mais pourquoi diable Claudine Papillon de Paris, Massimo Minimi de Brescia ou Lisson Gallery de Londres veulent-ils vendre des souvenirs d’installations forcément in situ, l’artiste refusant par principe depuis toujours de fabriquer des objets pour le marché ? Qui est responsable de ces petits arrangements avec les principes ? Bref, si vous vouliez savoir qui est célèbre, reconnu, courtisé, il fallait aller vers la lumière de la FIAC. Si vous aviez en revanche la curiosité de savoir qui sont ceux qui ont été rejetés dans les ténèbres (les artistes qui ne sont pas sur la liste des 100 et les marchands recalés à la FIAC ou qui n’ont pas même osé poser leur candidature), vous pouviez entrer dans le long couloir d’ ArtElysée le long des Champs. Leur vedette cette année était Robert Combas, qui apparaissait omniprésent, y compris dans le salon désert des VIP (mais pas sur la liste du Journal des Arts). Les marchands et leurs rares visiteurs ne parlaient pas anglais. Ils n’avaient pas non plus le sourire. N’appartient décidément pas au monde de l’art contemporain haut de gamme qui veut.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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