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[verso-hebdo]
15-03-2012
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Philippe Monsel, l’affamé d’images |
Qu’est-ce qu’un travelling ? C’est un terme de cinéma désignant le déplacement de la camera en cours de prise de vue. Travelling du monde est le titre de l’actuelle exposition de photographies, films et vidéos de Philippe Monsel (24 rue Beaubourg 75003, du 15 mars au 15 avril). On comprend donc que Philippe Monsel a déplacé ses appareils à travers le monde, ou plutôt que le monde entier est le champ d’observation de l’affamé d’images qu’est cet artiste hors normes. Son parcours n’est en effet pas banal : à 17 ans, il est l’assistant du photographe Jean-Pierre Leloir. Dès ce moment, il travaille pour les magazines Jazz hot et Jazz Magazine, plus tard ce sera Rock’n’Folk (pour ce dernier, c’est lui qui saisira, le 6 janvier 1969, Georges Brassens, Jacques Brel et Léo Ferré gaiement réunis autour d’une table : l’image fera le tour du monde). Entre temps, Monsel avait inscrit dans son viseur les plus grands jazzmen et rock stars : Ella Fitzgerald, John Coltrane, Count Basie, Jimi Hendrix, les Rolling Stones et tant d’autres…
En 1982, à 34 ans, il a le culot de reprendre les éditions Cercle d’Art, celles-là mêmes que Picasso avait choisies pour éditer ses recueils d’estampes, et il se met à publier des centaines de livres sur l’art et les artistes. On croit qu’il arrête la photographie : ce serait mal le connaître. Il retarde simplement le moment de montrer son œuvre. Editeur, il ne se contente évidemment pas d’imprimer et vendre du papier. Je l’ai observé à plusieurs reprises nouer une relation avec un artiste en vue d’une monographie : il procède par empathie, s’insérant dans le mécanisme de la création d’autrui et parvenant à le faire suffisamment sien pour que le livre, loin de se limiter à l’addition de reproductions, ressemble bel et bien à l’artiste. François Arnal, Yvon Taillandier ou Béatrice Englert, parmi beaucoup d’autres, en savent quelque chose.
Aujourd’hui toujours éditeur, et aussi plus que jamais artiste, Philippe Monsel présente un ensemble de travaux réalisés depuis 2000. Principalement intéressé par les lieux de mémoire - et tout particulièrement les usines abandonnées comme celles de Renault à Billancourt avant leur démolition - il s’inscrit avec aisance dans la grande tradition de la forme documentaire. L’association (nullement paradoxale) des valeurs esthétiques et documentaires s’est historiquement incarnée dans les travaux de Walker Evans et August Sander qui recherchaient avant tout la lisibilité et la précision. Le couple Becher prit la suite, et aujourd’hui Andreas Gursky ou Thomas Ruff. Philippe Monsel ajoute quelque chose de personnel à cette tradition, que l’on pourrait nommer l’expressivité. Ce n’est pas par hasard qu’une jolie danseuse nue surgit au milieu d’ateliers vides et ce n’est pas par hasard non plus que le photographe Monsel convoque le vidéaste Monsel pour concevoir et réaliser des œuvres hybrides video/photo. Tout l’intéresse : les lieux déserts comme les figures, les bâtiments comme les paysages vus du lever au coucher du soleil : bref, un travelling du monde. Philippe Monsel pourrait bien être l’arrière-petit-fils d’Eugène Promio, cet opérateur des frères Lumière qui le premier, en 1896, eut l’idée de filmer Venise depuis une gondole…
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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