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[verso-hebdo]
09-02-2012
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Marine Dupont-Canard : l’humour et les choses de la vie en peinture
L’amateur d’art cherche légitimement à faire des découvertes. Les moyens d’y parvenir sont devenus nombreux grâce à internet, par exemple avec le site fondé par Charles Saatchi, Your Gallery, où vingt mille artistes du monde entier présentent gratuitement leur travail. Je viens de m’y promener avec quelque accablement, car l’originalité est rare et la tendance au plagiat fort répandue. Chez les américains, une curieuse tendance à reprendre les recettes déjà un peu anciennes d’Eric Fischl semble prédominer, non sans parfois une bonne qualité d’exécution : Rory Alan Mac Lean par exemple avec Pause Two (une femme allongée sur un canapé), une huile qu’il nous propose pour 2000 dollars. Dans les pays de l’est européen, le nu féminin plus ou moins platement érotique domine, en Asie, les emprunts au pop art ont la vie dure. Tout le monde aujourd’hui est devenu figuratif : seuls quelques épigones de Tapiès surnagent ça et là. Nulle part on ne trouve d’humour hormis chez certains photographes. Citons Luca Pierro, un italien qui pastiche Magritte avec The Cloud, soit un bonhomme dont le visage est caché par un nuage (33 dollars seulement pour la version14 x 14 inches) ou Kelly Nicolaisen de San Francisco qui saisit une dame faisant faire le beau à un caniche (Doggy Treat, 60 dollars pour la version 14 x 21 inches). Mais d’humour dans la peinture, je n’en ai pas trouvé.

L’humour délicatement teinté de nostalgie serait-il réservé à la peinture en France ? Je pense à Véronique Bigo, à Catherine Lopès-Curval, à Frédéric Brandon et tant d’autres, et l’on comprendra que j’ai immédiatement été attiré par le dossier de presse d’une jeune artiste, Marine Dupont-Canard (née en 1978), dont la peinture combine avec une grande aisance l’humour et une douce mélancolie. « On trouve dans les tableaux de Marine Dupont-Canard, comme dans son nom, écrit Dominique Lecoeur, à la fois la banalité d’un monde proche et naïf et l’envol onirique vers un lieu apaisé et inquiétant ». Un nom prédestiné en somme, pour une peinture franchement originale. Une peinture agréable à regarder de surcroît : l’artiste a la candeur d’avouer qu’elle commence ses tableaux à l’acrylique pour aller plus vite dans les premières couches, « puis c’est pour rendre joli que je fignole à l’huile ». Bien sûr, elle ironise un peu. Mais il n’empêche : ces œuvres sont effectivement fignolées (bien peintes) et réellement « jolies » ce qui n’est pas banal par les temps qui courent.

Soit deux représentations picturales d’une jeune fille laissant voir par inadvertance sa culotte blanche genre « Petit-bateau ». La première est celle de Martial Raysse dans le Carnaval à Périgueux : la gamine du premier plan est certes charmante, mais elle est observée d’un œil légèrement lubrique. Peinture d’homme nous invitant à une certaine complicité machiste. La deuxième est un tableau sans titre (2011) de Marine Dupont-Canard. La jeune personne a du mal à retirer sa robe en la faisant passer par-dessus sa tête (que l’on ne discerne donc pas). On ne voit que cette « gymnastique un peu gauche », comme dit l’homme de théâtre Hugo Zermati pour qui Marine a réalisé des décors et des affiches, et puis cette tache de blanc épousant de tendres formes rondes. Ce qui est sensuel, dans ce tableau, est moins le détail ainsi décrit que la totalité de la surface peinte où l’artiste combine avec gourmandise le mauve de la robe, le bleu des chaussures et le brun-rouge du fond. Une peinture de peintre plus que « de femme », une artiste-peintre qui « pense à des choses qui lui ont plu, à des trucs dans des films, à des choses de la vie, des tableaux ». C’est tout simple, n’est-ce pas, et c’est pourtant complètement neuf. À découvrir galerie Le Garage à Orléans, à partir du 17 mars. (www.galerielegarage.net).
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
09-02-2012
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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du 6 au 28 Octobre 2012
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Christophe Cartier

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