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[verso-hebdo]
25-02-2010
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Buraglio le rafistoleur |
Pour sa dernière exposition (à la galerie Jean Fournier, 22 rue du Bac, jusqu’au 3 avril), Pierre Buraglio inaugure une nouvelle série sur le thème des Rafistolages. Cela lui va bien, qui a toujours récupéré, collé, assemblé, agrafé. Ce sont des « fusains sur papier, découpage » dans lesquels il esquisse des autoportraits ou des vues urbaines, sans doute à partir de ce qu’il voit depuis la fenêtre de son atelier de Maisons-Alfort. Il y a d’autres choses dans cette exposition, dont le titre assez mystérieux est Blok zoo hoc. Blok pour les nombreux blokoss ( ainsi sont orthographiés ici les blockhaus du mur de l’Atlantique) qu’il observe depuis l’enfance le long des côtes normandes. Zoo pour le grand rocher du bois de Vincennes, où longtemps circulèrent des singes. Hoc pour « le bec du Hoc » également connu sous le nom de « pointe du Hoc », lieu de féroces combats entre les marines américains et les allemands le 6 juin 1944.
Dans un texte savant (équipé de 51 notes !) le préfacier, Karim Ghaddab, observe avec justesse que « l’imperfection revendiquée par Buraglio, comme le refus de la séduction et de la virtuosité, et sa manière de toujours maintenir l’incomplétude de ses œuvres participent de la dimension critique de son travail, à l’égard de ses modèles, mais d’abord vis-à-vis de lui-même et du risque de se figer dans une marque de fabrique. » C’est vrai, Buraglio réussit à se renouveler tout en restant lui-même. Il n’est pas indifférent, selon moi, que ses références picturales privilégiées soient Philippe de Champaigne, Poussin, Chardin et Ingres, soit les représentants les plus éminents de ce que l’on appelle la tradition française. C’est ce que je me disais cet été en découvrant son grand calque sur le thème de Madame de Senonnes (1983) qui était exposé à Mantauban dans l’exposition Ingres et les modernes à côté de l’original de 1816.
Une des clefs de ce choix constant de Buraglio est peut être indiquée par ces lignes écrites par lui-même dans un petit livre, Le pêcheur à la ligne, notes éparses sur Nicolas Poussin réunies l’hiver 2002 : « André Lhote (pas toujours ridicule, il s’en faut) montre que les constructions de Poussin (…) sont régies par la spirale et la pyramide (…) Il ajoute, justement : ‘cette géométrie secrète ne fore pas l’espace en profondeur, mais comme chez Piero della Francesca reste en surface’… » Buraglio n’utilise pas la spirale et la pyramide, il découpe, agence, colle, transfère, bref il rafistole des images ou plutôt des fragments d’images, et tout cela reste « en surface » dans un subtil équilibre. Buraglio le modeste est bien un des meilleurs peintres de notre temps.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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