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[verso-hebdo]
19-11-2009
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La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau |
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| Quand l’art contemporain se transcende |
Sous un titre sans doute volontairement modeste (Regards d’artistes pour la cathédrale de Chartres), l’association Chartres, sanctuaire du Monde présente, jusqu’au 19 décembre dans l’admirable collégiale Saint-André une exposition d’un grand intérêt. La commissaire, Claude Schweisguth, et Caroline Berthod-Bonnet, chef de projet, ont demandé à dix artistes de « réfléchir, de rêver, d’imaginer une œuvre en relation avec ce que pouvait leur évoquer Chartres ». La proposition n’a rien de directif, elle respecte la liberté des artistes, mais elle n’en constitue pas moins un intimidant défi : La cathédrale Notre-Dame n’est-elle pas « le plus bel espace couvert au monde » (Kenneth Clark), le monument qui non seulement nous permet de contempler la « majesté du plan divin », mais nous révèle plus qu’aucun autre le vrai génie de la France, qui n’est pas celui de la mesure mais « celui de la grandeur » (Emile Mâle) ? Deux artistes ont voulu s’immerger dans le mystère de Chartres en s’initiant à l’art du vitrail : Hortense Damiron et Najia Mehadji. Elles exposent toutes deux leur premier vitrail, matrice de leur principale participation. Hortense Damiron a travaillé avec une belle énergie le thème de l’Arbre de Jessé et Najia Mehadji a été attirée par le Christ du portail central, dit royal, celui qui ouvre le ciel aux pèlerins.
Ce n’est pas le Christ terrible de Moissac : sur son visage la douceur l’emporte sur la majesté car le Jésus de l’Apocalypse est un Dieu de miséricorde. Le Maître du portail central y déploie son incroyable virtuosité dans la représentation des plis de la tunique, ordonnés en un bloc d’une parfaite cohérence. Najia Mehadji, frappée par la présence exceptionnelle de cette sculpture, « comme suspendue entre terre et ciel », a demandé à un professionnel de la photographier de manière à pouvoir la reproduire en format de deux mètres de haut. Elle a retravaillé l’image sur ordinateur en créant un clair-obscur. L’artiste a ensuite intégré le tracé de l’une de ses peintures à la gouache, dont le mouvement en volute évoque la mandorle d’origine et fait écho aux plis et « déplis » de la tunique du Christ qui, numérisé, ne trône plus : « il est comme debout, enveloppé d’une vague de lumière et de vie – comme marchant sur l’obscurité des eaux et avançant vers la clarté céleste » commente Najia Mehadji avec beaucoup de justesse. Son dialogue, à travers les siècles, avec le Maître du portail royal est tout simplement sublime. Voici un exemple de ce que devrait être l’art sacré aujourd’hui. Voilà la démonstration du fait que l’art le plus contemporain peut se transcender et nous offrir un effet de beauté et de spiritualité intimement mêlés, d’une grande intensité.
Autour de Najia Mehadji, on remarque particulièrement les ailes de Véronique Bigo. « Mes ailes pour la cathédrales de Chartres saluent les anges » écrit-elle : il y en a cinq, dont la plus grande est un souvenir de celle de l’Archange Gabriel dans l’Annonciation de Fra Angelico, construite le long d’une diagonale blanche, allégorie de l’Esprit Saint. Dans le même esprit, on admire les transpositions en linogravures de statues-colonnes par Pierre Buraglio ou la « Fontaine miraculeuse » de Béatrice Casadesus. Une très belle exposition en vérité, qui mérite le déplacement.
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| Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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