Esthétique
La nouvelle forme, une expression du geste religieux dans l’œuvre d’art

par Muthafar.M. Alobaidy

À l'occasion de l'exposition de Henry Moore
au Tate Britain à Londres - février - aout 2010

mis en ligne le 11/07/2010

La forme du vide dans l'œuvre est un signe qui a un rôle émotionnel et a une faculté de rappel des sensations et des intentions, tandis que le plein entre plutôt dans la catégorie des signes référentiels, auxquels sont associées des réalités par une correspondance définie. Le vide en tant que signe dans le plein de la sculpture peut être étudié sous plusieurs angles : en premier lieu, nous pouvons examiner la réaction du spectateur devant ce vide. Par exemple, dans la sculpture Modèle d’étude pour ovale à pointes, le signe du vide qui représente le profil de l'enfant et le plein qui met en présence le ventre de la mère, provoquent la sensibilité et la compassion jusqu'à toucher la foi. Le signe du vide réveille l'aspect religieux de l'icône. Deuxièmement, ce signe du vide peut être étudié du point de vue du lien entre sa forme plastique et sa signification. Le vide de l'enfant, représente la signification de l'unité et de la solidarité spirituelle, en montrant une trace de lumière à l'intérieur de la masse sculpturale : l'absence de matière suggère l'espoir d'un retour promis, d'une lumière symbolique pour illuminer l'intérieur de l'homme. Enfin, il convient d'étudier l'organisation du signe vide dans l'œuvre; elle est représentée comme un signe chrétien dans une position de verticalité (la statue dressée) et d'horizontalité (les deux pointes qui représente la dualité de la rencontre). Le vide est donc une forme active qui exerce une influence sur les masses passives. La relation entre le vide et le plein dans la sculpture de Moore doit être comprise dans leur dépendance mutuelle : le vide provoque souvent l'existence et la signification du plein. La matérialité du plein se réjouit devant la nouvelle matérialité du vide, car elle est la seule matière visible dans l'œuvre : elle confirme donc sa propre identité devant le vide, alors que l'invisibilité de la matière du vide affirme sa présence à travers la lumière. Elle désigne son propre lieu en profitant de l'existence du plein, en réalisant une relation complémentaire; mais le vide reste la forme et « la matière » la plus libérale, et la plus vitale devant le plein. Le vide n'est pas un élément tactile, mais il est une réserve pour toute création.

      En fait, le plein dans l'œuvre peut être désigné par notre regard, tandis que l'on ne peut sentir le vide et même voir sa propre forme que par un effort de notre conscience. Moore dessine sa propre limite dans la matière pleine, tandis que la matière pleine elle-même dessine les limites du vide dans la sculpture. En effet, la position du vide montre sa propre qualité en tant que forme de différence, car il est souvent installé à l'intérieur des masses. Du coup, sa perception vient de la visibilité du plein. La cohabitation entre le vide et le plein dans la même œuvre évoque la résolution de la différence existant entre les hommes dans l'humanité, que l'on peut aussi ressentir à l'intérieur de nous-mêmes. Autrement dit l'apparition du vide dans l'œuvre ne se manifeste pas seulement comme une forme d'opposition, mais comme une forme relationnelle.

pages 1 / 2 / 3 / 4 / 5 / 6
suite >
< retour
 
action d'éclat