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[verso-hebdo]
31-01-2013
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Des artistes au défi de Job |
Le livre de Job, commun aux trois religions monothéistes, est davantage qu’un poème d’une grande beauté : « livre du doute inséré au cœur même de la Bible observe Pascal Amel, ce qui - en tant que tel - est sidérant », il a inspiré les plus grands artistes : Jean Fouquet, Georges de La Tour et Albrecht Dürer entre autres. D’où l’idée des responsables de l’association « Spiritualité et art » de demander, il y a deux ans, à des artistes contemporains de réagir à leur tour au défi de Job. Les 19 résultats obtenus sont exposés à la mairie du 6e arrondissement sous le titre un peu ronflant de « L’art au défi de l’espérance » : ces résultats sont, c’est le moins que l’on puisse dire, de qualités inégales. Cela va de la simple blague (le mot « espérance » en lettres de néon suspendu à un fil électrique avec boîtier de dérivation signé par Jean-Michel Alberola qui a conservé l’esprit farceur et paradoxal de sa jeunesse) jusqu’au splendide tableau de Najia Mehadji qui hypnotise le visiteur dès l’entrée.
Arrêtons-nous donc à Drapé (l’espoir de Job), acrylique sur toile, 200 x 230 cm, 2011. Najia Mehadji a eu envie de travailler sur le thème de Job par l’intermédiaire d’Ordet, le film de Carl Dreyer (1955) où plusieurs plans sont construits à partir de draps tendus dans le vent, « très blancs, très éclairés, qui attirent par leur lumière ainsi que par la sonorité de leurs claquements ». Des gens passent là, ce sont les membres d’une famille à la recherche de l’un des leurs, qui se prend pour l’esprit du Christ. « Par rapport au thème central du film, explique l’artiste, qui oscille entre le doute et la foi, j’ai songé à l’histoire de Job, et ces draps lumineux me sont apparus comme un symbole d’espoir. » D’où ce magnifique Drapé, dans lequel Najia Mehadji, peintre abstrait dont le geste pictural est d’une infaillible autorité, exprime à sa manière la lutte contre l’injustice et la mort. « C’est une sorte de lumière diaphane qui persiste dans les ténèbres ». Car le drapé a toujours su exprimer des sentiments et des sensations dans l’histoire de la peinture, chez les Flamands comme chez les Espagnols. Najia Mehadji, s’inscrit ainsi dans la lignée de Van der Weyden comme dans celle du Greco dont les drapés, étirés entre ciel et terre, la bouleversent particulièrement. Mais le drapé est toujours mystérieux (comme le livre de Job), car « nous n’avons pas les clefs pour le comprendre, et chacun peut y voir ce qu’il veut ».
On rencontrait aussi avec plaisir des sérigraphies de Pierre Buraglio Job avec... Cézanne. Mais il est vrai que, réalisées en 2004, elles n’ont pas été conçues spécialement pour l’exposition. On découvrait encore les deux tableaux à la cire d’abeille de Philippe Cognée, L’Homme nu et Le vieil Homme, tous deux de 2012. Le premier représente Job nu sur son tas de fumier, dans une lumière crue issue de l’Homme chien (thème abordé par Cognée quelques années plus tôt). Le deuxième est une citation du Saint Thomas de Rubens, représentant Job vieillard ayant retrouvé la sérénité, dans des couleurs plus douces et chaleureuses. « En disposant ces deux tableaux l’un à côté de l’autre, commente le peintre, par leur approche différente, je romps l’harmonie et indique au spectateur une troisième voie : une image entre les deux tableaux, composée des deux tableaux. Une impossibilité de représenter Job précisément et un choix pour donner à l’acte de peinture sa primauté sur le sujet... » Exposition pleine d’intérêt en définitive, que vous avez jusqu’au 2 février pour visiter. ( www.artdefiesperance.com www.najia-mehadji.com)
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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