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[verso-hebdo]
27-09-2012
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Christian Sorg : le temps, l’espace pictural et l’idée du sublime |
C’est un grand bonheur que de visiter l’atelier bourguignon de Christian Sorg, niché dans les admirables paysages des environs de Vézelay. Les très grands tableaux y trouvent facilement place : tous ne sont pas inspirés par l’environnement immédiat car Sorg travaille aussi en Espagne (des monotypes sur papier comme Autour de Calaceite en témoignent) mais tous donnent le sentiment que le temps vient animer l’espace pictural. C’est que chez Christian Sorg le temps appartient à la structure même du tableau. Ce n’est possible que par le mouvement, qui est la face de l’espace tournée vers le temps. Regardez Los Higos, une huile sur toile de 2012, ou bien, plus ancienne, l’acrylique Campagne avec le ciel (2006), et vous comprendrez. Par le mouvement imprimé par la gestuelle de l’artiste, l’espace manifeste le temps et, peut-être bien aussi, le mesure. Ici, insistons sur un aspect de la démarche de Christian Sorg qui la rend particulièrement passionnante en prenant soin de distinguer mouvement et trajectoire.
En allant voir l’actuelle exposition de Sorg à la galerie Schumm-Braunstein (9 rue de Montmorency 75003, jusqu’au 30 octobre), ayez en mémoire les propos de Bergson dans L’évolution créatrice, lorsqu’il évoque la trajectoire en tant qu’espace comme détente dans la durée, comme relâchement d’un rythme. Eh bien, rapportant le mouvement au mobile, Christian Sorg semble considérer la trajectoire elle-même comme ce qui se meut. De telle sorte que, aussi bien dans une « nature morte » comme Le soir, la table, les fruits, 2008, - vaste composition de plus de quatre mètres présentant deux grandes plages de couleur orange et verte ponctuées de graphismes nerveux - que dans un « paysage » comme Le ciel et la terre (2006), vous verrez un espace pictural temporalisé se donnant à vous comme structuré et orienté, où certaines lignes privilégiées constituent des trajectoires. Des trajectoires qui, chez Sorg, ne sont jamais résidus inertes de mouvement, mais au contraire apparaissent grosses d’un mouvement qu’elles accomplissent dans l’immobile.
Naturellement, ces peintures ne manifestent le mouvement prisonnier dans l’immobile que si une conscience - la nôtre en l’occurrence - est capable, en les déchiffrant, de rompre l’enchantement qui tient le mouvement captif. C’est ici Kant qu’il faut appeler à la rescousse : le mouvement dans le sujet précède le mouvement dans l’objet (c’est bien pour cela que nous percevons une mélodie comme une durée schématisée par le rythme). Il faut que le temps intervienne d’abord dans le sujet, à l’écoute d’une musique comme dans la contemplation d’une peinture. Chez Christian Sorg plus particulièrement, dans la perception visuelle de ses œuvres, la perception est médiatisée par la succession : le regard se promène sur le tableau, il ne se pose jamais tout à fait. C’est par ce mouvement que nous apparaît le mouvement du tableau qui nous enchante. Et c’est alors, comme l’a si bien observé Georges Raillard en 1990, que l’œuvre « fait paraître une présence indicible, une prise impossible. Quelque chose de voisin de ce que l’on appelait le sublime... »
( www.galerie-schummbraunstein.com)
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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