par Bruno Macé
ce
constat en amène un autre : c’est aux politiques, aux Maîtres
d’Ouvrages, de s’investir sur ce sujet, de tenir le gouvernail
, de faire des choix réfléchis, au même titre qu’ils
s’y emploient pour le choix d’un architecte, d’un urbaniste
ou d’un paysagiste, car
Ici, il s’agit de construire la ville et
non d’édifier le
musée en plein air de demain.
C’est aussi l’acceptation courageuse de ce que peut être
ce type d’intervention. Intervenir au coeur des problématiques
de la Cité demande une prise de risque de la part des élus
et, en échange, une pertinence de la part des artistes plasticiens,
que j’aurais plutôt appeler Urbartistes, si le mot n'était
pas si barbare.
Si aujourd’hui, entre autres, à l’occasion du 1% artistique,
la demande faite à l’artiste n’est plus de l’ordre
de la statuaire commémorative sur son socle, l’attente reste
forte sur l’idée qu’il doit y avoir oeuvre, que la " patte
(ou pâte) " de l’artiste soit visible, reconnaissable .
Le glissement de l’oeuvre vers l’intervention est rarement accepté car
il met forcément au second rang, ce qui ne veut pas dire qu’il
l’ignore, l’aspect esthétique des choses.
Si, de plus, cette intervention s’immisce trop fortement dans la problématique
du lieu, il y a généralement rejet. Quel est cet art qui soudain
paraît trop proche des préoccupations quotidiennes et donc soupçonné de
ne pas fournir la part d’immatérialité et d’intemporalité qu’on
attend de lui? C’est oublier que l’art public est d’abord,
avant tout, et surtout, un art de son temps, inscrit dans les contradictions
de son époque. Pour qui se prend cet artiste qui, en créant
une tension, une rupture, prétend nous donner à voir ce que
nous avons tous les jours sous les yeux? C’est oublier que l’urbartiste
est un paratonnerre, qu’il possède des antennes. Ce qu’on
appelle être à l’avant-garde prend là tout son
sens.
" La mort de la vierge " du Caravage va être refusée
par son commanditaire mais achetée par le Duc de Mantoue. Une façon
comme une autre de marquer la frontière entre espace public et espace
privé, «cachez cette vierge trop humaine que nous ne saurions
voir» (et encore moins montrer!).
Re convoquez pas l’urbartiste si vous ne voulez pas que cela gratte
là où cela démange. Même si cela semble une lapalissade,
la contrainte du lieu c’est d’abord la problématique du
lieu et sa polysémie. Alors, pourquoi l’urbartiste l’ignorerait-il
?
Hier comme aujourd’hui, une fois l’oeuvre réalisée et installée par le temps, les amis venus au secours de la victoire, ici de la pertinence, sont nombreux.