Dossier Groborne

RAINBOW STONE

par Emmanuelle Etchecopar Etchart
Chaque photographie comporte la mention du lieu et celle de la date de la prise de vue. Rien d'autre. L'ensemble nous évoque l'idée du journal mais qui aurait pour seul objectif son principe même, débarrassé de tout commentaire. Seules resteraient valables les variations autour d'un thème. Le temps. La photographie du temps. Le temps photographique. Le journal du temps. Le journal photographique.

Une poétique des choses se met doucement en place et avec elle, le glissement vers un univers peuplé de signes singuliers faisant écho à un réel, par-là même, légèrement décalé.

C’est une photographie qui appartient foncièrement à la discrétion, à la réserve. Elle produit subtilement un léger déplacement du réel qui va provoquer une réaction en chaîne. Les détails, les microphénomènes d'un quotidien sont comme transposés en scènes énigmatiques. Des objets parfois dérisoires dont l’insignifiance était supposée, loin d'être laissés au rebut, se dressent à présent au faîte de la singularité de leur présence. Parfois, les polaroïds semblent osciller, indécis, entre deux registres  : tantôt l’ellipse, le fugitif ; tantôt l’évidente matérialité de la surface d’un galet, le poids de l’eau comme celui d'une pierre. Ces deux mouvements opposés, mis en dialogue par le procédé photographique produisent un univers singulier mais cohérent. La photographie de Robert Groborne, par la sensibilité et la qualité de son regard, sait déployer sans mal la charge poétique qu'elle dispense aux choses.

mis en ligne le 28/12/2011

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