par Gérard-Georges Lemaire
De quelle façon avez-vous commencé à vous plonger dans la dimension moderne de la création ?
J’ai beaucoup aimé l’art constructiviste et suprématiste. Cela me touchait beaucoup. Je me souviens d’une exposition sur les sources du XXe siècle au musée d’art moderne. Cela n’intéressait vraiment pas grand monde. A cette époque, je me rendais très souvent dans la forêt de Fontainebleau et toujours au même endroit, près de la gare, au rocher d’Avon . J’ai dessiné là, j’y ai peint. J’ai fini par connaître tous les rochers, tous les arbres, cela finit par être un peu ennuyeux ! J’ai été au devant de l’abstraction en essayant de trouver l’essence de ces paysages. J’ai fini par faire des choses qui ressemblaient au carré dans un carré de Malevitch. Ce fut un moment très difficile car j’avais l’impression de toucher un fond : après avoir fait ça, qu’est-ce que je pouvais faire ?
Cela se produisit-il dans un temps rapide, comme par une impulsion ?
Cela a duré deux ans environ. C’était vraiment l’idée d’exprimer avec peu de moyens l’esprit de ce paysage que j’aimais bien.
Ce que vous me dites me fait penser à l’arbre célèbre de Mondrian, première étape pour lui vers l’abstraction géométrique...
Pas tout a fait. Ce qui m’intéressait à cette époque, c’était plutôt les masses et les lignes, les parallèles déjà, mais surtout les masses.
Avez-vous eu des relations avec d’autres artistes ayant des préoccupations voisines ?
Non, j’étais seul. Je ne fus sorti de ma solitude que par mes premiers marchands. J’avais le sentiment que je devais peindre et c’était tout – je ne pensais à rien d’extérieur à ce but.