par Gérard-Georges Lemaire
Quand nous sommes connus, vous n’étiez pas du tout dans le noir, mais dans le blanc jusqu’au cou !
C’était même peut-être avant le blanc. J’ai travaillé avec du sable sur des reliefs. Vous allez me demander : pourquoi le blanc ? Je me rendais compte qu’avec les reliefs j’utilisais des couleurs qui étaient très proches les unes des autres. Ce n’était pas un art de coloriste, même si les couleurs étaient relativement sophistiquées. Un beau jour, je me suis dit que cela ne servait en rien mon propos et je me suis mis à peindre exclusivement en blanc pour me concentrer sur les reliefs. J’utilisais alors de l’acrylique à la place de l’huile (qui jaunit à l'ombre): je souhaitais un blanc un peu satiné, pur. J’avais exposé avec René Guiffrey (vous aviez écrit quelque chose à ce sujet) qui, lui, peignait à l’huile. Nous voulions montrer nos différences dans l’usage du blanc. Nous avions tout le deux l’envie de tendre vers le blanc radical. Ce qui nous séparait était plutôt le relief que je modulais, le sien étant plus géométrique. Pour moi, je trouvais que c’était du bavardage de poser sur la toile des couleurs un peu rabattues. Cela ne servait à rien. Cette relation intime avec le blanc a duré longtemps. Et vint le noir. Je ne sais plus pourquoi... Oui, je sais. Après cette suite de dessins à l'encre de Chine j'ai fait des reliefs, formes découpées peintes en noir. Je recherchais la lumière dans le noir, parce que le noir absorbe toutes les couleurs et dévore la lumière.