par Gérard-Georges Lemaire
C’est un peu comme l’a fait Soulages, mais à l’envers...
Vous savez, Soulages ne me passionne pas. S’il a cherché la lumière, il ne l’a pas fait de la même façon.
En effet, il a voulu faire la synthèse absolue du noir et de la lumière comme une seule et même entité dans l’optique d’un mysticisme médiéval, un peu comme le fait Dante Aligheri dans le Paradis...
J’ai lu, un temps, beaucoup de littérature du Moyen Age et j’en ai tiré profit.
Différemment...
Oui, sans aucun doute... Parlant du blanc et du noir, je songe soudain que les spectateurs ont beaucoup de mal à supporter le blanc. J’ai eu plusieurs fois des peintures abîmées pendant des expositions alors que le noir dérange beaucoup moins. Je crois que le blanc fait un peu peur. Je m’en suis rendu compte par la réaction violente de certains visiteurs. C’est peut-être une image de la mort plus forte que celle produite par le noir. C’est à l’inverse de ce qu’on pourrait croire. En résumé, je ne parviens pas à me souvenir pour quelle vraie raison je suis passé du blanc au noir. C’est dans le droit fil de ma logique où j’efface tout et je recommence... Au terme de ma dernière exposition, j’ai eu l’impression de n’avoir jamais peint de ma vie.
Mais vous ne reniez pas vos périodes passées, n’est-ce pas ?
Non, pas du tout. Mais c’est terminé pour moi. Vous savez, je crois qu'on cherche toute sa vie la même chose, mais quoi ? et on utilise tous les moyens possibles pour y parvenir. De temps à autre, on croit être arrivé au bout du voyage, sans savoir où l’on voulait aller ! C’est paradoxal ! Une fois qu’une chose est faite, eh bien, l’on recommence, autrement. Ou alors, l’on fait la même chose pour trouver autre chose.
Vous considérez-vous comme un homme de réflexion ou un homme de méditation ?
De méditation, c’est sûr. Pas de réflexion. Cela ne signifie pas que je ne réfléchis pas !