Voir la Bande annonce du film de Nadav Lapid : Le Policier

Le cinéma
par Julian Starke 

Grâce au numérique et aux avancées technologiques, le cinéma devient de plus en plus un art à la portée de tous. Ceux qui disaient que c’est l’art populaire par excellence avaient probablement raison mais je voudrais parler ici de la création d’un film. On va aisément distinguer ceux qui profitent de cette ouverture pour porter un regard sur le monde, émettre un vrai avis, faire du cinéma et ceux qui vont prendre un appareil photo et s’imaginer que la réflexion ne passe qu’au second plan. La technologie n’est pas une finalité mais peut être est-ce difficile de le comprendre pour certains puisque le cinéma ne peut physiquement exister qu’au travers d’une caméra et d’un projecteur.

Qui sont ces nouveaux cinéastes qui marquent notre époque ?

 

 

Nadav Lapid et son premier film : Le Policier.

Sorti quelques jours à peine après la révolte sociale qui éclate en Israël cet été, ce film porte une vision politique audacieuse qui incite à repenser les fondements du pays.
Le réalisateur dresse le portrait d’une société qui entretient le mythe de la peur de l’autre où le capitalisme est corrompu. Les inégalités y sont« les plus grandes du monde occidental. »

Le film construit en deux blocs nous fait suivre d’abord le quotidien d’une unité d’élite de policiers anti-terroristes, puis celui de jeunes bourgeois révolutionnaires qui luttent contre le fossé social qui ne cesse de s’accentuer. La collision sanglante entre les deux groupes parait inévitable.

Les policiers sont amis et soudés à la vie à la mort. Ils sont indissociables de cette société qui prône le culte de l’homme viril, fort militarisé qui défend son pays contre l’ennemi extérieur.

Les jeunes révolutionnaires, quant à eux, sont issus d’un milieu aisé, mais ils refusent d’accepter les écarts qui se creusent. Naïfs, excédés, ils sont déterminés à commettre un acte qui fera parler de leurs revendications : kidnapper trois milliardaires proches du gouvernement. Ce n’est pas pour autant que Nadav Lapid les montre comme un exemple même si il est évident qu’ils ont une idéologie commune.

La critique n’est donc pas simplement basée sur ces policiers mais sur le fait que ce pays les présente en modèle. Ils ne sont pas jugés pour leur manque de recul mais pour ce qu’on a fait d’eux. La compassion du réalisateur est palpable, on comprend que bien qu’embrigadés, ces hommes ont un certain sens de la famille, de la carrière, de la communauté, valeurs qui en un sens peuvent paraître admirables.
L’un d’entre eux, Ariel, souffre d’une tumeur au cerveau. L’attitude du groupe face à cette maladie est à la fois exemplaire et exécrable. On ressent chez eux l’empathie d’un réel soutien moral, mais ils refusent d’accepter ce corps affaibli par la maladie. Ces corps au sein du groupe occupent une place primordiale et quasi étouffante.

mis en ligne le 12/07/2012
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