Evan Glodell et son premier film : Bellflower.
Après avoir été très remarqué au Sundance Film Festival, Bellflower a réussi à exister en salle dans plusieurs pays. On peut féliciter Evan Glodell de la manière dont le film a été fait avec un budget de 17 000 dollars, un tournage étalé sur deux ans et demi et un réalisateur qui incarne le premier rôle.
Mais le contenu n’en reste pas moins creux ou presque, à quelques tristes réalités près qui ont l’air d’exister malgré la volonté du réalisateur.
Un groupe de jeunes errent dans une contrée perdue de la côte Est des Etats-Unis, ils sont coupés de toute forme de réalité (famille et travail).
Ils glissent sans but au gré de leur dernière idée ou pulsion stupide.
Woodrow et Aiden, meilleurs amis depuis toujours vouent un culte à Lord Hummungous de Mad Max 2. Ils décident alors de recréer leurs instruments fétiches : un lance-flamme artisanal puis la voiture Medusa, qui leur serviront de bouclier en cas d’apocalypse.
L’imaginaire du réalisateur, sa vision (ou absence de celle ci) de la psychologie est sans doute le résultat de 34 heures par semaine passées devant la télévision : valeur moyenne pour un Américain de base. Il est le stéréotype de la geek generation.
Le langage des personnages se réduit à une dizaine d’expressions ponctuées de quelques gémissements insupportables, signes du mal-être de Woodrow.
« Oh duuude ! This is sooo cool !! » « You’re car is Awesome ! ».
Le film a l’ambition de s’attaquer au thème éternel de la rupture amoureuse et éclairer les conséquences dévastatrices qu’elle peut représenter sur un être. Or, pour qu’il y ait rupture, il faut encore qu’il y ait rencontre. Woodrow rencontre son premier amour Milly lors d’un concours, et quel concours ! Celui du plus gros mangeur de crickets. Le romantisme de cette scène est à l’aune de la profondeur et de la subtilité des rapports humains qui y sont décrits.
Le manque de second degré rend le film à la fois insupportable et triste. Traité sur le ton de l’humour, peut être aurait-il eu le mérite d’arracher un sourire au spectateur ? Sourire qui n’aurait été que le fait de la caricature outrée des personnages.
Un des seuls aspects positifs du film est une pseudo recherche de narration expérimentale: le réalisateur tente de décrire la perte de repères d’un amnésique.
En l’occurrence Woodrow qui victime d’un accident de moto présente des séquelles au cerveau. Le réalisateur propose plusieurs fins possibles.