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Dossier Jack Vanarsky :
Métaphysique du quotidien |
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par Jack Vanarsky |
Traiter limmobilité par le mouvement, la quiétude par linquiétude, labsence par la présence, le mou par le dur, le continu par le discontinu, le silence par le bruit. « Poursuivre le repos dans le drame du mouvement » disait Elie faure.
Quand jai commencé à réaliser des objets figuratifs et mobiles des sculptures animées tout en voulant que le mouvement réel contribue à un certain réalisme, je trouvais nécessaire quil ne fut quun paramètre de plus, aussi propre à la manipulation et à la métaphore que le sont le dessin, la couleur ou le volume. Il fallait refuser la légende de Michel Ange frappant le Moïse pour quil parle comme sil avait besoin de parler ! échapper au robot anthropoïde forcément maladroit et insuffisant face à ses modèles, ignorer les transcriptions anatomiques, pour inventer une anatomie spécifique et évidente des objets.
Et je suis venu à la conformation de mes sculptures par une succession de tranches topologiques. Cette coupe en lamelles nest pas, pour moi, une opération chirurgicale, mais un système de langage. Je décompose une forme en une série de profils un peu comme, toutes proportions gardées, les impressionnistes décomposaient la couleur. Un mécanisme occulte actionne lensemble. Jespère, par cette mise en oscillation des profils à la recherche continue et infructueuse de leur image totalisante, trouver une sorte dirisation du temps (comme il y a irisation dans lespace impressionniste).
Ainsi, à mon avis, le mouvement réel dans mon travail na que peu à voir avec la représentation du mouvement, du déplacement ou de laction effectuée par quelquun. Il sagit plutôt de la représentation dune attente, dun souvenir, dun désir, du temps qui passe ; la lenteur des ondulations approche du rythme respiratoire du spectateur, et lanimation nest quune manière de ponctuer le repos.
Maintenant, je suis sur la trace des traces, comme un Sherlock Holmes recherchant, pour les mettre en conserve, des indices dénonciateurs. Des fragments du plancher ou du mur, table ou oreiller, vitre ou miroir, qui gardent, ici lempreinte dune main, là le creux dun pas, le reflet dun visage, restes de gestes et de regards, témoignages dune présence absente. Ce qui bouge nest même plus la représentation dun personnage qui a pu bouger, mais la représentation de son passage furtif. Dessinés dans le vide, les êtres ont cédé leur matérialité vivace aux choses quils effleurent, aux lieux quils hantent. |
Jack Vanarsky |
(texte daté du 2 mai 1978, rédigé par Jack Vanarsky pour le catalogue de lexposition « Metafisica del quotidiano, laventura delloggetto », groupe présenté par Pierre Restany) |
mis en ligne le 16/11/2003 |
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Dossier Jack Vanarsky
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