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[verso-hebdo]
24-11-2011
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Michel Four et ses « objets sympathiques » |
Plusieurs mairies de Paris sont attentives aux arts visuels : celles des 8e et 9e organisent des salons pour les artistes amateurs de l’arrondissement. Celles du 12e et du 3e proposent des conférences sur l’histoire de l’art. La mairie du 5e a donné carte blanche à une architecte d’intérieur, Amélie Bouquet, qui invite (jusqu’au 26 novembre) sept artistes d’horizons divers. Certaines mairies préfèrent les expositions monographiques : celle du 7e vient d’accueillir le peintre Jacques Bouché et celle du 6e présente, jusqu’à la mi-décembre, une rétrospective du peintre Michel Four. Je m’arrête à cette dernière, exemplaire de ce que peuvent faire de mieux, comme travail d’accompagnement de l’art, les mairies de Paris, mais aussi, bien sûr, de partout en France. Elles suppléent ou renforcent, selon les cas, l’action des galeries, ce qui est heureux.
Michel Four, né en 1945, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, expose régulièrement depuis les années 70. Le bel espace à deux niveaux que lui offre la mairie du 6e lui permet de réunir, en une cinquantaine d’œuvres, les grands thèmes qui traversent son œuvre depuis 1972 : « Matières » (des abstractions), « Brésiliennes » (des nus), « Rencontres » (deux figures occupent l’espace), « Hommages » (à Van Gogh et Toulouse-Lautrec en particulier), « Venise », « Tauromachie », « Base 105 » (des pistes d’aérodrome),
« La Rue », « Une autre idée du paysage », enfin, surtout, « Femmes ». La peinture de Michel Four regarde le monde avec gourmandise, et la femme en est la reine admirée. Le tableau Nu dans un paysage ( doublé par Elle) me paraît emblématique de sa démarche car ce beau nu assis offrant son dos à une forte lumière est moins « dans » un paysage que devant une toile représentant un paysage. On pense irrésistiblement à l’Atelier de Courbet et l’on se dit que Four en a retenu le message : le réalisme ne consiste pas à imiter la réalité mais à dénuder la vérité en démantelant la fiction.
Michel Four dénude donc la Vérité-Peinture avec une ferveur jamais démentie au long des années. C’est à travers le nu qu’il voit La plage, Le homard ou Le déjeuner sur la terrasse. Ses références artistiques revendiquées sont Toulouse-Lautrec, fameux amateur de nus, et Van Gogh, qui n’en fit jamais. Mais tous deux étaient superlativement affamés de fraîcheur et de beauté qu’ils trouvaient, l’un plutôt dans les figures, l’autre dans les paysages. Si bien que, regardant les Nus de Michel Four, particulièrement celui, rouge sur fond rouge dit L’Indienne, je me dis qu’il a dû se poser la même question que Matisse : « Pourquoi, puisque ma sensation de fraîcheur, de beauté, de jeunesse est restée la même qu’il y a trente ans devant les fleurs, un beau ciel, un arbre élégant, devrait-elle se modifier devant une jeune fille ? ». Chez Michel Four comme chez Matisse, le modèle nu détermine une émotion, un « attendrissement devant l’objet sympathique ». Le modèle était pour le peintre de Cimiez une porte qu’il devait « enfoncer pour accéder au jardin » dans lequel il se sentait « seul et si bien ». Un jardin où le spectateur pouvait entrer à sa suite. C’est bien ce que la mairie du 6e permet de faire à Michel Four aujourd’hui : inviter le public à entrer à sa suite dans son jardin peuplé de jeunes filles, ces irremplaçables objets sympathiques. ( www.michel.four.free.fr)
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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