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[verso-hebdo]
29-12-2011
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Crise : il y a une alternative |
Dans ma lettre du 16 décembre, je déplorais l’amputation de la subvention de l’Orchestre National de l’Île de France, y voyant une preuve inquiétante du fait que, au motif de la crise, le secteur culturel, irremplaçable facteur de lien social, a cessé d’être une priorité pour le gouvernement (s’il l’a jamais été) et je me faisais l’écho d’une solution aux problèmes posé par ladite crise, proposée par l’excellent économiste Jacques Sapir. Il se trouve que l’une de mes lectrices, connaissant un membre du cabinet du Premier Ministre, a envoyé mon texte à Matignon et m’a fait part de la réponse obtenue. Il me semble que cette dernière mérite d’être citée quasi intégralement : « J’ai vérifié concernant l’orchestre d’Île de France. L’information est exacte et l’opération sera étalée sur 4 ans. En 2012, l’orchestre d’Île de France devrait avoir 175.000 euros en moins. Nous soumettons toutes nos administrations à une cure de rigueur effectivement désagréable. Mais avons-nous le choix ? » Ce « avons-nous le choix ? » est terrifiant : il rappelle la doctrine dite TINA tristement illustrée dans les années 80 en Angleterre par Margareth Thatcher, aux Etats-Unis par Ronald Reagan et en France par Edouard Balladur.
TINA : autrement dit, There Is No Alternative. Après les « trente glorieuses », les méthodes keynesiennes s’essoufflaient et la Dame de Fer, suivie par ses deux disciples, avait décidé de fermer les industries devenues non rentables (les mines de charbon en particulier) et de changer la répartition du PIB de telle sorte que les actionnaires reçoivent désormais plus et les salariés moins. Ces derniers, s’ils voulaient maintenir leur niveau de consommation, n’avaient qu’à emprunter à des taux usuraires. Ce qu’ils firent. De toute façon il n’y avait pas d’alternative. Ils le firent si bien que la crise dite des subprimes éclata en 2008, menaçant d’effondrement un système bancaire international reposant sur une montagne de dettes souscrites à la base par des ménages insolvables. On se souvient que les banques furent sauvées, sauf une : Lehman Brothers, parce que M. Paulson, secrétaire au Trésor et ancien PDG de Goldman Sachs (son ennemi héréditaire) en décida ainsi, avec les conséquences désastreuses que l’on sait. Depuis 2008, nouvelle formule TINA : les dettes souveraines étant devenues excessives, on réduit les dépenses, notamment de protection sociale, et on augmente les impôts (ceux des contribuables lambda, pas ceux des banques, évidemment). « Avons-nous le choix ? » demande innocemment le technocrate de Matignon.
Eh bien si, nous pourrions avoir le choix, comme l’a expliqué Jacques Sapir. Mais sa solution ne saurait être jugée crédible par les gens sérieux qui, au sein des directions des grandes banques comme dans les cabinets ministériels, jugent et tranchent. Je me souviens du dédain, du mépris absolu, manifesté par des banquiers de ma connaissance lorsque Lula devint président du Brésil. Quoi ? Un trotskyste, un syndicaliste, un pauvre type dont on se demande comment la mère, abandonnée par son père avec huit enfants, a pu survivre ? Comment cet idéologue borné pourrait-il mener son pays en crise à autre chose qu’une catastrophe ? On sait ce qu’il est advenu du Brésil grâce à l’habileté et au courage de Lula. Je me souviens aussi d’une émission de France Inter à laquelle je participais il y a peu en compagnie d’Arnaud Montebourg. J’ai admiré le calme avec lequel il encaissait les critiques idiotes de deux péronnelles qui n’aimaient pas son dernier livre, et j’ai retenu cette formule de lui : « Aujourd’hui les plans d’austérité sont pour la population et les plans de soutien pour les banques. Je propose l’inverse. » Ridicule, répondent les adeptes du « avons-nous le choix ? » dont le confort intellectuel n’est guère perturbé par le député de Saône-et-Loire. Leur chance, c’est qu’aucune personnalité de réelle envergure, celle d’un véritable homme d’Etat, ne soit en mesure d’imposer aujourd’hui les thèses d’un Sapir. Je lis dans les journaux que les Français, inquiets et écoeurés, ont la nostalgie du général de Gaulle. Non sans d’évidentes raisons.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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