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[verso-hebdo]
08-09-2011
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Des ennemis de l’art contemporain et du mal qu’ils peuvent faire |
C’est un fait : l’art contemporain a maintenant conquis la France, à en juger par l’étonnante floraison de manifestations de qualité qui, de L’art dans les chapelles du Morbihan aux Rencontres d’Arles- photographie, ont animé la vie culturelle de l’hexagone cet été. Que faire, dès lors, quand on est délibérément hostile à cette effervescence ? On peut par exemple fonder une « Association pour la Promotion de l’Art Contemporain Populaire (APACOP)». Sous entendu par cette dénomination : l’art contemporain tout court ne saurait être populaire puisque, selon M. Roger Taillade, fondateur de cette association qui a organisé les 9 et 10 juillet une « Rencontre internationale d’art singulier » à St-Amant-Roche-Savine (Puy de Dôme), « le petit peuple a déserté cet univers dénué d’émotion ». Pourquoi ? parce que cet art (dit par lui « officiel ») doit être pourvu d’un emballage intellectualisé dûment estampillé par « des élites autoproclamées, maîtres es vacuité... » Emballage incompréhensible, il va sans dire : la critique d’art actuelle n’est, pour M. Taillade, que « prétexte à de longues logorrhées issues de pénibles coliques insanes. » On regrette pour les artistes dits singuliers réunis à St-Amand-Roche-Savine d’être « défendus » par une plume aussi médiocrement agressive (sans parler de celle, peut-être plus navrante encore, d’une auteure dans le même catalogue, ennemie jurée de l’art contemporain).
Car de bons artistes, baptisés singuliers, se sont malheureusement laissés séduire par le discours haineux des organisateurs, non sans risque de se retrouver plus marginalisés encore. Je le dis avec d’autant plus de liberté que je ne crois pas avoir été le dernier à dénoncer certaines impostures dans le champ de ce que l’on appelle l’art contemporain. Mais ce dernier est loin d’être exclusivement le fait de quelques vedettes douteuses que j’ai nommées ailleurs. Des artistes authentiques, bien loin d’un introuvable « art officiel », ont par exemple dialogué de manière convaincante avec les beaux espaces offerts par les nombreuses chapelles de la vallée du Blavet en Bretagne. Je pense particulièrement aux peintures-écrans de Cécile Bart, réalisées sur le site même de la chapelle de la Trinité à Bieuzy-les-eaux et aux structures linéaires en lattes de peuplier conçues par Rainer Gross pour célébrer la splendide église Saint-Nicolas de Pluméliau. Plus ludique sans doute, mais tout aussi respectueux des lieux, apparaissait Olivier Nottelet avec sa monumentale peinture murale pour la chapelle Saint-Jean de Le Sourn. Ce ne sont là que trois exemples parmi de multiples prestations de grande qualité esthétique.
Mais revenons à la discutable initiative de l’APACOP : je trouve dommage qu’un peintre et sculpteur de la qualité de Stéphane Carel, pour ne citer que lui, y ait été associé. Voici un artiste expressionniste au tempérament fort, dont l’être humain, tout simplement, est la principale source d’inspiration. Comme lui-même peut-être, ses personnages sont, selon ses dires « naïfs, passifs, fatalistes... face au monde qui les entoure. » Les couleurs sont franches, les modelés fermes. La sincérité ne va pas ici sans un évident savoir-faire. Un vigneron ardéchois m’a conduit à son atelier de Vallon-Pont-d’Arc, refuge d’un solitaire et, pourquoi pas, d’un « singulier » puisqu’il s’accommode volontiers de cette dénomination qui fut celle de créateurs aussi grands que Dubuffet ou Giacometti. Je lui souhaite de cesser de ressembler à ses personnages : ni naïf, ni passif, ni fataliste, il lui appartient d’aborder le monde de l’art tel qu’il est et d’apprendre à s’y faire sa place, loin des stéréotypes concernant les fameuses « élites autoproclamées » qui sont d’autant plus faciles à contourner qu’elles sont largement imaginaires. Allons, Stéphane Carel et les autres singuliers qui vous sont proches, foin du fatalisme : le monde qui vous entoure n’attend que d’être conquis par votre talent !
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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