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[verso-hebdo]
13-10-2011
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Yves Guérin, ou la sculpture métaphysique |
D’octobre 2011 à octobre 2012, une très importante exposition de 32 sculptures monumentales d’Yves Guérin est présentée dans le parc d’activités de La Pardieu, à Clermont-Ferrand (via Ferrata). Les mécènes sont la société Aubert & Duval et le Réseau Ferré de France, qui a fourni à l’artiste son matériau exclusif : des tonnes de rails qu’il forge en plein air sur les flancs du plateau de Gergovie pour en faire d’impressionnantes pièces sur des thèmes variés, mais principalement inspirées par des œuvres d’art sacré. C’est ainsi que les visiteurs peuvent voir une Descente de Croix de 4 mètres de hauteur, une Fuite en Egypte de 3 m, un Arbre de Jessé de 5, 50 m ou encore une Extase de Sainte-Thérèse de 2, 50 m. Ces œuvres sont puissamment allusives, non représentatives, et, pour reprendre un mot de William Burroughs, « on y entend le métal penser ».
Arrêtons-nous sur l’une des persistances thématiques d’Yves Guérin : la Descente de Croix (deux en 2007, plus une Déposition en 2002). La motivation du sculpteur serait-elle comparable à celle d’Anthony Caro qui, en 1989-1990, réalisa une Descente de Croix en cuivre et bronze, fondus et soudés, en s’inspirant directement de la terrible Déposition de Rembrandt de la Pinacothèque de Munich ? L’artiste s’était servi d’une plaque de bronze pour reproduire l’effet du long suaire immaculé, élément plastique majeur du maître hollandais. Rien de tel chez Yves Guérin qui ne fait pas référence à une œuvre particulière, mais à toutes celles qui ont abordé le même thème, si nombreuses dans les musées du monde qu’il ne saurait bien sûr les connaître toutes. Il n’empêche : l’antique enluminure (850) conservée à la bibliothèque d’Angers comme le relief en marbre de Benedetto Antelami à la cathédrale de Parme (1178), mais aussi les Dépositions de Duccio et Pietro Lorenzetti autant que celles de Rogier van der Weyden ou Rubens… toutes ces images et sculptures évoquant le Supplicié divin descendu de sa croix forment un monde particulier.
C’est ce monde qui constitue le « réel » d’Yves Guérin, qui lui inspire de nouveaux modes de représentation. C’est ainsi qu’il invente littéralement le réel : son art ne répète en rien ce qui aurait déjà été vu, même si nous pouvons éventuellement identifier de quoi il est question. Il nous invite à revoir, comme nous ne les avons jamais vues, toutes les Descentes de Croix du monde, qui forment le réel de Guérin éclairé par son art. Nous comprenons ainsi que la Descente de Croix d’Antelami, mélange d’influences romanes et gothiques inventant un espace en trois dimensions avec un siècle d’avance, est la sœur de celle de Guérin dont la force expressive et la nouveauté esthétique apparaissent tout aussi radicalement nouvelles au XXIe siècle : il faut la voir pour l’éprouver comme telle. La « Via Ferrata » est l’occasion de prendre maintenant la mesure de l’importance de la démarche d’Yves Guérin, une des plus puissantes et originales de notre temps.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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