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[verso-hebdo]
17-09-2009
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Un parcours vraiment contemporain |
Pour celui qui est en train d’écrire un livre sur l’art contemporain – c’est mon cas –, le déplacement à Fontenay-le-Comte est obligatoire. Je reviens donc de cette charmante cité vendéenne, un peu assoupie peut-être, que réveille chaque année son « Parcours contemporain » dont la réputation est, après dix ans d’existence, bien établie. Les artistes les plus réputés y participent : parmi eux, Valérie Favre et Claude Lévêque en 2006, Ange Leccia et Patrick Tosani en 2007, Etienne Bossut et Bruno Peinado en 2008, enfin, en 2009, plutôt des jeunes dont se détachent, me semble-t-il, Angélique Lecaille-Guilbert et Régis Perray. La responsable du Parcours, Stéphanie Barbon (qui a adopté avec modestie le titre de programmatrice) a placé cette édition sous le signe des « Architectures transitoires », bien adapté au projet permanent du parcours : unir le patrimoine et la création la plus actuelle. La ville est en effet riche en monuments et en vestiges dont Angélique Lecaille-Guilbert a su profiter avec autorité. Elle a choisi le jardin aménagé sur les ruines de l’ancien château féodal (détruit pendant les guerres de religion), nommé parc Baron, et y propose « Plus rien ne sera comme avant », un dessin de paysage en ruine, réalisé en pyrogravure sous l’aspect d’un panneau de chantier. Installé sur les murailles historiques, il est visible depuis plusieurs sites de la ville. Du haut de l’un d’eux, où se trouve un cèdre, commente Stéphanie Barbon, « l’artiste offre une mise en abîme temporelle et visuelle, entre les ruines du château, la vieille cité, et la ville plus contemporaine… » L’idée est intéressante, et le dessin dégage une discrète mélancolie : un beau travail d’artiste.
Dans le cas de Régis Perray, remarqué en 2007 pour son occupation de la chapelle Saint-Prix à Béthune, l’ambition est plus complexe et le résultat moins convaincant, si l’on s’en tient à sa proposition pour le centre névralgique du parcours, la Maison Chevolleau (acquise auprès de la veuve d’un peintre local pour en faire un lieu d’initiation à l’art contemporain). Il s’agit de la pièce « Les patins », à savoir treize patins en feutre et laine, de ceux que l’on utilisait autrefois dans les maisons bourgeoises pour préserver les parquets cirés. Ces patins, bien visibles à gauche en entrant, au seuil d’une grande pièce au parquet de chêne, le visiteur n’est pas obligé de s’en servir (il le peut s’il le veut). S’il ne sait rien de la démarche de Régis Perray, le voici prêt à sourire (ou éventuellement à se fâcher). Il lui faut une clef (que fournit heureusement volontiers la programmatrice) : il s’agit d’un souvenir de l’an 2000, date d’une action enregistrée par vidéo intitulée « Patinage artistique au musée des Beaux-Arts de Nantes ». Pendant un mois et demi, chaque jour durant les heures d’ouverture, l’artiste a fait briller les parquets en patinant pieds nus sur des patins de laine : en souvenir des « Raboteurs » de Caillebotte ? En tout cas, selon Jean-Marc Huitorel, « s’affirmait là une dimension éminemment sportive et quasi héroïque : faire briller, par le seul engagement de son corps, le chemin escarpé de l’histoire de l’art. » Admettons. Mais si on ne sait pas tout cela, ces treize pauvres patins (il y en a des clairs et d’autres foncés) sont un défi au bon sens de ceux qui cherchent où est « l’art ». On songe à la pièce célèbre de Luciano Fabro, « Pavimento Tautologia » de 1967 : un rectangle de vieux journaux posés sur un sol bien propre. On se perdait en conjectures, et puis dix ans plus tard l’artiste a révélé qu’il s’agissait d’un hommage à sa maman qui protégeait ainsi le carrelage de sa cuisine, lavé chaque samedi, pour qu’il reste propre au moins le dimanche. L’œuvre n’était « pas là » : elle était dans le lien avec la biographie de l’artiste. Même chose à la Maison Chevolleau : l’œuvre n’était pas vraiment là, elle rappelait seulement que l’artiste a la passion du nettoyage des sols. À Béthune, il avait récuré avec force le sol carrelé du premier étage de la chapelle…
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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