Exposition Lanneau et Nalbandian, au CIAC Château de Carros (06), du 30 juin au 28 octobre 2012. Commissariat : Sophie Braganti.
Exposition de F.Nalbandian à Mont-Dauphin et Les Vigneaux dans le Briançonnais, Quatre, commissairiat : Bernadette Clot-Goudart, association Voyons-voir du 29 juin au 16 septembre 2012.
Entretien croisé de Frédérique Nalbandian et Patrick Lanneau avec Sophie Braganti, Nice, mars 2012
SB : Les signes ou les matériaux récurrents et signifiants employés dans vos travaux (sapin, panneau, nuage, palmier, portique, barrière... chez Patrick Lanneau, savon, plâtre, cire, fils et tubes, eau, seaux, colonnes, or... chez Frédérique Nalbandian) sont autant d'éléments qui fonctionnent avec des binômes qui s'opposent et se complètent en même temps : apparition / disparition, dilution / recouvrement, poids / apesanteur, figure / défiguration...
Quels liens établissez-vous donc entre ces objets et la poétique de l'ensemble d'une œuvre qui ne cherche pas à figurer ? Peut-on parler de portes d'accès au sens ou / et aux sensations ?
FN : Ces binômes se sont progressivement installés à partir de deux substances majeures que j’utilise depuis le début de ma pratique: le plâtre venu en premier, puis le savon deux années plus tard accompagné depuis 2006 de l’eau qui le dissout. C’est la « mise en scène » de ces deux substances associées aux autres matériaux récurrents qui forment un couple autour de l’apparition / disparition, pesanteur / légèreté, gravité / verticalité, figuration / défiguration... J’ajouterais qu’il est en permanence ambivalent et contradictoire. Il se déploie, fait des «va-et-vient » entre deux pôles.
Quant aux liens entre les objets et la poétique c’est justement ce que je tente de faire en privilégiant la relation au matériau et sa manipulation directe. L’idée de représenter le réel m’a toujours était difficile à concevoir ; représenter, en quelque sorte, ne me satisfait pas et m’apparaît insuffisant. Je suis donc face à un dilemme : comment mettre en avant une forme poétique tout en préservant le mode logique, élémentaire et expérimental des matières manipulées sans tomber dans le didactisme des formes présentées.
Trois formes circulent dans ma pratique depuis des années : les oreilles, la figure humaine et les roses rouges fraîches. Celles-ci alliées au savon et au plâtre sont effectivement des portes d’accès. Toutefois, je ne puis que les montrer, la plus grande part appartient au visiteur.
PL : Ce que je vois dans le paysage, c'est une alchimie entre formes, couleurs, densités et flottements, ombres et lumières. Les formes que j'y place ne sont que des signaux, dans le sens où ils indiquent un chemin, un point d'arrêt, un passage. Dans le paysage, il y a ce que l'on voit, avec nos yeux, nos sens et ce qu'il provoque comme vision dans notre cerveau, comme appel à notre mémoire. C'est entre ces deux perceptions et dans leurs liens créatifs que se situe mon questionnement.