Exposition Lanneau et Nalbandian, au CIAC Château de Carros (06), du 30 juin au 28 octobre 2012. Commissariat : Sophie Braganti.
Exposition de F.Nalbandian à Mont-Dauphin et Les Vigneaux dans le Briançonnais, Quatre, commissairiat : Bernadette Clot-Goudart, association Voyons-voir du 29 juin au 16 septembre 2012.
SB : Est-ce que l'univers sensoriel que vous restituez traduit votre perception du monde?
FN : Nous vivons une époque sous le signe de l’aléatoire, où le sentiment d’une grande précarité de l’humain n’a jamais été aussi évidente. Je tente d’en donner quelques signes par l'intermédiaire de matériaux fragiles, solubles et périssables, tels le savon, le plâtre, et éphémères, telles l'eau et la lumière. A ces matériaux vient s'ajouter depuis peu le verre.
PL : Dans ce que je vois, ce qui m'entoure, tout est devenu un jeu de formes, de courbes, d'angles et de points de couleur, en mouvement perpétuel sans début ni fin. C'est un monde où il n'y a ni beauté, ni laideur. La couleur et le dessin tendent à faire de la réalité une abstraction. Comme dans la musique où les sons des instruments tournent dans l'espace pour former une composition, la couleur unit ce qui est séparé.
La question n'est pas ce qu'on choisi : les palmiers... mais ça peut être l'antenne sur la maison, la maison d'en face, c'est la même histoire depuis qu'on peint des paysages. Ce qui compte c'est comment on le peint. Je ne me distingue pas par ma vision de monde.
SB : Pourquoi avez-vous accepté d'exposer l'un avec l'autre ? Y a-t-il des liens, des affinités entre vos travaux ?
PL : Ce n'est pas dans le choix des objets, mais c'est sûr qu'il y a des liens: comment passe le temps, comment il se travaille et dans la matière aussi, dans la façon de voir les œuvres, avec l'effacement, les substitutions, une réflexion sur la matière qui nous entoure. Ça tombe, ça coule.
C'est aussi un travail qui a à voir avec la lumière, la luminosité, l'apesanteur, la suspension, les choses qui se dressent. Soyons présents ! C'est ce que j'entends dans son œuvre.
FN : Quand tu m’as parlé d’une exposition avec Patrick Lanneau, j'ai trouvé l’idée intéressante de confronter deux pratiques formellement opposées, qui plus est Peinture / Sculpture. Nous avons deux univers singuliers, deux pratiques divergentes avec et sans couleurs, pour peut-être parler de la même chose. Je suis sensible à son travail de l'espace et de la lumière et surtout à l'absence qui règne dans ses tableaux, absence que j'interroge dans mon travail.
Pour le coup le « binôme » dont tu parlais au début est joué jusqu’au bout, une proposition risquée ne suivant pas « la ligne » de ce qui se fait dans le contexte d’un monde artistique qui me semble parfois trop figé.