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[verso-hebdo]
07-03-2013
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Alain Pouillet : dans le secret des choses |
Voici des choses : des cônes, des cylindres, des brocs dans leur cuvette, des vases et des cubes. Nous remarquons que la lumière vient toujours du fond de la composition et notre attention est plus attirée encore par le fait que la matière même de ces choses est constituée par un grouillement de petites figures : des animaux à poils et à plumes, des poissons et des lutins, peut-être surgis d’on ne sait quelle légende. Mais le peintre nous a prévenus par le titre même donné à cette série : ces choses ont un secret, et se contenter de les décrire ne saurait nous aider à en extraire un message, s’il y en a un. Les tableaux d’Alain Pouillet sont des objets esthétiques, ce qui veut dire que les comprendre exige d’entrer en complicité avec eux. Ils nous demandent une attention passionnée, par laquelle nous nous imprégnons de ces objets en nous faisant consubstantiels à eux. Les questions que nous nous posions, du genre : « pourquoi ce rouleau à pâtisserie ? Pourquoi cette dominante bleue ici, rose ailleurs ? », ces questions recevront alors une réponse parce que nous éprouverons le sentiment d’une nécessité intérieure à l’œuvre. Une nécessité qu’il faut bien nommer existentielle.
La réflexion esthétique ne saurait refuser l’évidence d’une nécessité qui se suffit à elle-même, d’abord parce qu’elle est la nécessité de l’œuvre telle qu’elle est (nous n’avons pas à faire des hypothèses sur ce que ce tableau pourrait être si la lumière venait de la gauche comme chez les hollandais plutôt que du fond à droite comme ici), ensuite parce que la nécessité intérieure à l’œuvre ne peut s’expliquer en remontant indéfiniment la liste de ses causes possibles. Comprendre l’œuvre c’est décidément s’assurer qu’elle ne peut être autre qu’elle est : ce n’est pas une tautologie, car cette assurance ne peut nous pénétrer que si nous nous sommes pénétrés de l’œuvre, et c’est notre intimité avec elle qui nous en révélera le sens. Nous découvrirons que ces peintures poétiques n’ont d’autre propos que de questionner l’acte de peindre.
Ce n’est pas par hasard que la perspective est aléatoire de manière à permettre un léger basculement vers l’avant, de telle sorte que soit obtenue une continuité des motifs à l’intérieur même des objets. Cela renforce l’impression que nous avions dès le départ : ces tableaux seraient inépuisables. En effet, l’objet esthétique est profond parce qu’il est au-delà de la mesure, parce qu’il nous a obligés à nous transformer pour le saisir. Ce qui mesure la profondeur d’un tableau d’Alain Pouillet, c’est la profondeur d’existence à laquelle il nous convie. Sa profondeur est corrélative de la nôtre. Il me semble que cela est particulièrement vérifié dans la série « Dans le secret des choses », troisième moment d’une vaste entreprise que le peintre a intitulée « Manière de faire des mondes ». Une manière qui nous implique, nous autres spectateurs, plus que nous ne l’aurions cru. Galerie Jean-Louis Mandon, 3 rue Vaubecour, Lyon, jusqu’au 10 mars ( www.alain-pouillet.com)
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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