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[verso-hebdo]
27-03-2013
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Génération 70 ? |
C’est un fait : on observe un retour dans l’actualité de la peinture des années 80 en France (je pense en particulier au livre d’Amélie Adamo Une histoire de la peinture des années 1980 en France, Klincksieck, 2010), mais curieusement, on perd de vue ce qui s’est passé dans les années 70, avec le plus souvent les mêmes acteurs, c’est vrai, mais dans un contexte très différent : celui qui définit les années qui ont immédiatement suivi 1968. Les peintres nés aux alentours de 1940 avaient à peu près trente ans, ils étaient dans ce que l’on peut appeler leur première maturité, et ce qu’ils faisaient alors était différent, voire contraire à ce qu’ils réaliseraient plus tard. D’où la question posée par Robert Bonaccorsi dans son exposition actuelle de la Villa Tamaris Centre d’Art de La Seyne-sur-Mer (jusqu’au 9 juin) : Une génération ? Les peintres des années 70 dans la collection de la Villa Tamaris. Ces peintres, de toutes sensibilités, se retrouvaient essentiellement au Salon de la Jeune Peinture, d’où l’illustration emblématique de l’exposition : l’affiche « tous au salon de la Jeune Peinture » conçue par Ivan Messac (né en 1949) pour l’édition 1974, qui reprenait avec verve, en noir sur fond rouge, La Liberté guidant le peuple de Delacroix.
De Christian Babou à Hugh Weiss, trente-trois artistes sont réunis : cette génération 70 peut paraître hétérogène puisqu’elle rassemble aussi bien des enragés de la figuration politiquement la plus efficace que des minimalistes fanatiques de la remise en question radicale de tout ce qui les précède. Mais Robert Bonaccorsi sait ce que l’on a oublié : tout ce petit monde se connaissait bien, les amitiés (et aussi les inimitiés !) n’avaient que faire des barrières théoriques. Il faut comprendre qu’en 1964, Bernard Rancillac, Hervé Télémaque et Gérald Gassiot-Talabot ont par exemple invité à Mythologies quotidiennes (l’exposition fondatrice de la Figuration narrative), des artistes comme Martial Raysse, Niki de Saint-Phalle ou Jean-Pierre Raynaud dont le propos était fort différent du leur ! Le texte de Bonaccorsi, survol historique particulièrement riche, rend bien compte de l’atmosphère exceptionnelle dans laquelle baignait la peinture en France des années 70, dont le point de départ est à vrai dire l’explosion de 1968.
Le principe de l’exposition étant de présenter exclusivement des peintures faisant partie de la collection de la Villa Tamaris, on regrette que dans bien des cas, les œuvres accrochées correspondant à des achats effectués dans les années 90 et 2000 aient été réalisées au même moment (Fromanger, Klasen, Guyomard, Buraglio, Brandon...). En revanche, Robert Bonaccorsi a pu faire acquérir par son institution quelques œuvres réellement représentatives de la génération étudiée, dont un tableau de 1968 présenté l’année suivante au XXe salon de la Jeune Peinture placé sous le thème « Police et culture » : Les chiens de garde par Sergio Birga (né en 1940). Le peintre florentin avait choisi le titre fameux de Paul Nizan pour cette huile sur toile de 2m x 2m où l’on voit un capitaliste grimaçant tenant en laisse un CRS réduit à une mâchoire de molosse sous un casque, et un « intellectuel » devenu un toutou sentencieux porteur de parchemins et d’une palette - parmi les intellectuels, il y a évidemment les artistes. Le tableau ne s’embarrasse d’aucune nuance, mais Birga a le don de transformer la caricature en une véritable œuvre plastique. Un tableau qui a résisté au temps en tout cas, et que l’on peut voir aujourd’hui à la Villa Tamaris comme un tableau expressionniste de qualité très représentatif de la « génération 70 », alors même que le contexte qui en avait justifié l’élaboration est devenu très lointain. ( www.birga.fr)
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J.-L. C. verso.sarl@wanadoo.fr 27-03-2013 |
P.S. Le numéro 67 de Verso, particulièrement riche, est en ligne. Le dossier principal est consacré à Catherine Lopes Curval, importante artiste de la deuxième génération de la Figuration narrative. Le centre culturel de Basse Normandie "Le Radar" à Bayeux, sa ville natale, lui consacre une exposition à partir du 13 avril. |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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