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[verso-hebdo]
21-03-2013
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Bonnes et mauvaises rencontres à Lille Art Fair |
La foire d’art de Lille en est à sa sixième édition (dire « Lille Art Fair » car ses organisateurs, qui désignent l’espace réservé aux jeunes artistes « espace YIA » pour Young International Artists, semblent obsédés par l’anglais qui, n’est-ce pas, fait plus chic…), et ce cru 2013 présenté du 7 au 10 mars méritait le voyage, même si l’on risquait d’y faire des rencontres franchement désagréables. J’en évoque quelques unes avant de passer aux bonnes surprises. Les plagiaires d’abord : un certain Martin Kahls, de la Galerie 138 à Honfleur, copie servilement la manière bien particulière de traiter la figure humaine (en particulier les pupilles dilatées) par Zhang Xiaogang, en y ajoutant des petits avions et des lumières clignotantes. C’est dérisoire. Un autre plagiaire, nommé Alex Prunés, de la galerie Sala Parés de Barcelone, reproduit des maisons américaines du XIXe siècle tout droit venues d’Edward Hopper, simplement en plus petit : Mi ilumino est un carré de 60 cm de côté pour lequel il était demandé 1350 euros. C’est lamentable. Peut-on faire plus nul encore ? Oui, s’il faut parler de M. Wilfred qui propose des vues imaginaires de New York dans une facture à côté de laquelle la manière des artistes de la place du Tertre serait du grand art. C’était à la galerie italienne Alma Arte qui demandait 2450 euros pour une version de 90 x 120 cm particulièrement déprimante.
Passons aux bonnes rencontres. Celles offertes par les galeries locales d’abord (elles étaient au nombre de quatorze) : Raisons d’Art où Sophie Doutriaux présentait un bon accrochage de ses poulains, Duytter et Jef Aerosol en particulier, et Cédric Bacqueville permettait à L’Atlas, un des meilleurs représentants du street art, de montrer une vidéo placée par terre qui se prolongeait sur le sol du Grand Palais de Lille sous forme de ses fameuses calligraphies en noir et blanc inspirées des caractères Koufi. Autre lilloise, la galerie Valérie Lefebvre mettait en valeur les portraits de Fred Calmets qui ne manquent ni de tempérament ni de savoir-faire. Parmi les galeries françaises de province, Bayart de Compiègne offrait une exposition personnelle à Christoff Debusschere (né à Paris en 1962) dont il nous était dit qu’il aime Rembrandt. Cela se voyait dans ses vues d’intérieurs cossus ou dans une remarquable interprétation des Archives du Sénat. Parmi les nombreuses galeries belges, le plus vaste stand était celui de Mazel de Bruxelles qui privilégiait avec raison les travaux sur papier de Vuk Vidor, expressionniste français d’origine yougoslave au tempérament très affirmé. Chez les parisiennes, Olivia Ganancia se détachait par son simple amour d’une peinture aux limites de l’abstraction, sensible et sans prétention (Joudrier, de Saint Remy, Commet…).
Une découverte, enfin. Au détour d’une allée, mon regard a été aimanté par deux portraits d’Irma Brunner. Edouard Manet nous a laissé le profil gauche de la jeune femme, superbement traité au pastel. Patricia Debuchy présentait dans le stand d’Au-delà des apparences à Annecy deux tableaux de dimensions inégales traitant chacun des deux profils d’Irma, se détachant tous deux, comme chez Manet, sur le fond noir du chapeau porté avec une élégance raffinée. Mais Patricia Debuchy ne plagie évidemment pas Manet : elle le recrée plutôt en le copiant (dans l’esprit qui avait présidé, naguère, à la superbe exposition « Copier-Créer » au Louvre). Manet avait choisi Irma non comme un modèle, mais comme un motif rapidement saisi grâce à la technique du pastel. Patricia Debuchy prend le temps d’intégrer l’image de la demi-mondaine du XIXe siècle dans sa propre peinture pas du tout passéiste, avec en particulier des effets de matière originaux, nullement contradictoires avec l’esprit novateur de Manet. Une bonne rencontre, en vérité. ( www.galerie-audeladesapparences.com)
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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