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lanternes magiques, " histoires animées "
Yves Rifaux |
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| par Yves Rifaux |
Une intervention d’Yves Rifaux c’est un spectacle. Documenté, exotique, irracontable. On transgresse joyeusement les frontières de l’espace — temps, des contraintes techniques, des instruments et des écrits. Par fidélité à la mémoire d’Yves Rifaux, nous avons choisi de garder le rythme et le langage de son commentaire d’images.
Les grandes découvertes — que ce soit l’électricité, la vapeur, la photographie — explosèrent un peu partout dans le monde à la même époque comme si le faisceau d’indices constitué, chacun s’évertuant à trouver la solution.
Il fallut pour que l’image s’anime sur les écrans, que les cinq composants du système soit inventés :
1 L’écran tout d’abord. Son origine se perd dans la nuit des temps puisque cet écran commença à vivre voici des millénaires avec les spectacles d’ombres.
2 L’appareil de projection, équipement essentiel pour décomposer les images en photons et les faire voyager sur les ondes de la lumière (ceci dit pour mettre d’accord Newton et Planck). Ce fut la lanterne dite magique, bien connue des nécromanciens et autres manipulateurs d’opinions religieuses depuis la Chine Antique, les Phéniciens ou les Grecs. Codifiée au XVIIème siècle par Huyghens, Kircher et Milliet Dechales, elle sortit des chapelles et cabinets scientifiques et tomba dans le domaine public. Elle parcourut alors l’Europe sur le dos des Savoyards et autre colporteurs, férus de fêtes votives et de carnavals.
3 La photographie, ne nous étendons pas.
4 Le film souple : ce fut l’invention du celluloïd en Amérique (brevet de 1863).
5 Et surtout le procédé d’enregistrement et de restitution du mouvement dont la sensation ne nous est possible que grâce à cette " mémoire de la rétine ", qu’analysa le Belge Plateau. Il lui donna même son temps de " pose ", 1/24ème de seconde en 1820. Ilk poursuivait les travaux de Newton sur les couleurs et ceux de Faraday sur le phénomène stroboscopique, étudiant la question plus en physiologiste qu’en physicien.
Dans un article pour le catalogue du Musée-Château d’Annecy consacré à l’exposition " Cinémagie ", j’ai donné un coup de projecteur sur cette constitution du faisceau des éléments ayant amené la naissance du cinéma.
" … Il appartint au Bruxellois Joseph Plateau (1) de découvrir que cette opération ne pouvait s’opérer que grâce à la mémoire de la rétine. Il définit même la durée de cette persistance rétinienne : 1/24ème de seconde, temps magique du défilement des images du cinématographe (24 images/seconde) et Joseph Plateau inventa le phénakistiscope et fit tourner les images de son danseur.
Les premiers bénéficiaires de cette merveilleuse " wheel of live " (roue de vie) furent les enfants, car toutes les premières découvertes d’animations d’images ne suscitèrent que des jouets, le stroboscope de Stampfer (2), le sootrope d’Horner (3), le folioscope de Linnett (4), le viviscope de de Farnum (5) et le praxinoscope d’Émile Reynaud (6).
Avec ce génial inventeur, le deuxième voyage de l’image prit la dimension du spectacle. Le Théâtre Optique offrit, à des milliers de spectateurs, l’émotion du permier film sur écran avec " Pauvre Pierrot ", " Un bon bock ", " Autour d’une cabine ",…
Le mouvement ? Encore fallait-il mieux le connaître, et grâce à l’invention du Chalonnais Nicéphore Niepce (7), au perfectionnement des obturateurs et à la rapidité des émulsions photographiques, on fut à même de le fixer et de le décomposer. L’Américain Edward Muybridge (8) capta comme dans un théâtre d’ombres le galop du cheval et le Bourguignon Etienne-Jules Marey (9) inventa le fusil photographique, lapremière caméra pour analyser le vol de la mouette. Mais pour reconstituer ce vol, il eut recours au zootrope et Muybridge lui préféra le phénakistiscope. En l’adaptant à la lanterne de projection, il réussit à projeter ses images animées comme l’avaient fait beaucoup d’autres tels que Heyl (10) et Duboscq (11).
LE grand moment était arrivé, le voyage vers le mouvement allait pouvoir vraiment débuter avec Anschütz (12), Edison (13), Friese-Greene (14), Le Prince (15), Demeny (16) disciple de Marey, et bien sûr, Louis Lumière.
" L’arrivée du Chemin de Fer en Gare de la Ciotat " ce 28 décembre 1895 était la première étape de la vie de l’image. Le cinématographe commençait son épopée. "
Yves Rifaux
1. Joseph Plateau invente à Bruxelles son phénakistiscope en 1832.
2. Simon Stampfer, à Vienne, invente le stroboscope la même année.
3. Horner invente le zootrope en 1833.
4. Linnett prend le brevet du folioscope en 1868.
5. Le viviscope de Farnum est présenté dans le Vermont (Etats-Unis) en octobre 1895
6. Emile Reynaud : praxinoscope en 1877, première séance du Théâtre Optique au Musée Grevin en 1892.
7. Niepce invente la photographie en 1822.
8. Muybridge fait son expérience avec une batterie d’appareils photo en 1877, projection avec zoopraxiscope en 1879.
9. E-J Marey réalise son fusil photographique en en 1882.
10. Heyl à Philadelphie réalise un phénakistiscope de projection en 1870.
11. Opticien parisien, Duboscq réalise un appareil de ce type en 1852.
12. Anschütz présente son électrotatyscope à Berlin en 1887.
13. Edison, réalise son kinetoscope en 1893.
14. Friese-Greene fait sa première projection à Bath (Royaume-Uni) en 1890.
15. Augustin Le Prince effectue sa première expérience de chronophotographie en 1888 à New-York.
16. Georges Demeny : chronophotographe 1893.
Chronologie du voyage de l’image
XVIIème siècle
1611 Parution de la Dioptrique de Kepler (1571-1630), théorie des lunettes d’approche.
1613 Parution à Anvers du traté d’optique de François Aiguillon dans lequel il parle de la chambre noire, de la stéréoscopie et de la lanterne magique.
1622 Constantin Huyghens fait connaissance à Londres d’un grand voyageur, Cornélis Drebbel, possesseur d’une lanterne magique et qui aurait fait une séance pour Rodolphe II.
Début du XVIIème siècle, vit Schwendter (Schwenturus) considéré par certains comme l’inventeur de la lanterne décrite en 1636 dans ses " Délices physico-mathématiques ".
1638 Parution de deux écrits latins de Mersenne, le père Marin (1568-1648) sur la dioptrique, la catoptrique et la réfraction.
1646 Parution à Rome de la première édition de " L’Ars magna Lucis et Umbrae " de Kircher (la lanterne représentée n’est pas un appareil de projection).
1653 A Louvain, projection de lanterne magique par le Sieur Tacquet (source : Gaspard Schott qui prétend que celui-ci a utilisé la lanterne de Kircher).
1659 Huyghens décrit dans sa correspondance une plaque animée avec mouvement de squelette.
1660 Parution des " Récréations mathématiques " avec l’examen de ses problèmes en arithmétique, géométrie, mécanique, cosmographie, optique ; chez Cardin Besogne à Paris, y figure aussi la description d’une chambre noire avec sténopé.
1665 Projection de Walgenstein à Lyon, citée par Milliet de Chales, il avait auparavant déjà fait des projections en Italie.
1671 Deuxième édition de Kircher (à Amsterdam), cette édition contient une gravure représentant une lanterne magique.
1674 Parution de la théorie de la lumière Huyghens.
1676 Parution à Nuremberg du " Collegium Experimentale " de Jean-Christophe Sturm (y figure une gravure de lanterne).
1677 Parution du livre " Magia Naturalis " de Gaspard Schott (y figure une gravure de lanterne).
1690 Parution de l’ouvrage de Milliet de Chales qui contient plusieurs lanternes dont celle de Walgenstein.
XVIème siècle
Le Journal d’un bourgeois de Paris sous François Ier contient la description, par le Sieur Cruche, d’une séance de lanterne magique.
1558 Publication à Naples de " La magiae naturalis sive miraculis rerum naturariam " en quatre livres de Gian Battista Della Porta où il parle de l’utilisation des miroirs et de la chambre noire.
1572 Publication à Bâle par Risner de la traduction du Polonais Vittelivet de l’ouvrage d’Alhazen sous le titre Alhazen ou Allakar Opticae Thesaurus "
Marc Antoine de Dominis, dit Frascator, né en 1566 à Arbe en Dalmatie publie son ouvrage sur la téorie de la vision et de la perspective. On lui doit aussi la théorie de l’arc-en-ciel attribuée à tort à Descartes.
1564 naissance de Galilée à Pise
1565-1576 Publication des ouvrages de Jérôme Cardan : " De Subtilitate " où il parle de la chambre noire et de l’utilisation des lentilles et " De Propria vita Liber " où il décrit une séance de projection.
1585 Publication à Turin de l’ouvrage de G.B. Benedetti " Diversarum speculationem mathematicarul et physicarum liber " où l’on fait la première mention de l’utilisation d’une lentille biconvexe.
Cesare Cesariano dans son introduction à la traduction de Vitruve évoque l’expérience d’une caméra obscura d’un moine nomme Panuzio.
XVème siècle
1385-1455 Giovanni de Fontana, auteur du " Liber instrumentum " y décrit une lanterne de Terreu composé d’un tube objectif et un conduit pour la fumée et projetant un diable.
Né à la fin du XIVème siècle, Léon-Baptiste Alberti, architecte florentin et Chanoine de la Cathédrale de Florence en 1447 décrit dans ses ouvrages une caméra obscura et une camera lucida.
1494 Parution à Messine des " Théorèmes sur la lumière et l’ombre " de François Maurolico.
1486 A Cologne, naissance de Cornelius Agrippa (Henri Corneille Agrippa de Nettesheim). Dans son traité de la vérité des sciences, il évoque la projection de lettres par des miroirs.
Et vers la nuit des temps
1296 Date supposée de l’invention des lunettes par Alexandre Spina à Vienne. Cependant, on sait que Néron et d’autres Empereurs et hauts dignitaires romains utilisaient déjà des monocles.
1271-1292 Marco-Polo aurait rapporté la lanterne magique de son voyage en Chine.
1214-1294 Roger Bacon, celu-ci est considéré par certains comme l’inventeur de la lanterne magique, il étudie aussi les lois de l’optique et particulièrement la dioptrique et les lentilles.
1000 environ, Ibn Haitham dit Alhazem écrit de nombreux traités d’optiques don le " Thesaurus Opticae ", cet ouvrage fut traduit en latin au XIième siècle par Vitellion et cette traduction fut diffusée dès le XIIème siècle.
820 Dans ses Chroniques Al Mamoun raconte qu’un chinois nommé Tchang Lin, aurait présenté au Calife une visionneuse et aurait projeté devant lui des images sur un mur.
97 Naissance en Capadoce d’Apolonius de Tyane, qui selon Frédéric Dillaye (1396, l’Art des Projections) aurait déjà utilisé une lanterne magique.
Deuxième siècle avant J-C, découverte dans les fouilles de Carthage de lentilles biconvexes en verre optique.
Selon Wilkinson (1854) on aurait trouvé dans le Palais de Nemrod, à Babylone, des loupes et un microscope.
Selon David Brewster une lentille aurait été retrouvé dans les ruines de Ninive.
2283 avant J-C, l’Empereur de Chine Chun aurait utilisé des verres grossissants pour observerles planètes. Il a laissé à son successeur le tube de cette lunette et une sphère armillaire parfaite. Celle-ci est reproduite dans le chapitre 2 du " Chou King ".
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| Yves Rifaux |
| mis en ligne le 20/02/2002 |
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