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[verso-hebdo]
12-09-2024
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Méditations d'un bibliomane solitaire

Transparents, John Armleder et le musée Barbier-Mueller, bilingue, Caroline Barbier-Muller, musée Barbier-Mueller, Genève.

John M Armleder est né à Genève en 1948. Il a sans doute représenté l'avant-garde la plus radicale de la Suisse, exposant à la Biennale de Paris de 1975, a représenté son pays à la Biennale de Venise, puis à la Documenta de Cassel. Ses créations ont été présentées un peu partout dans le monde. Bien sûr, on peu s'interroger sur sa présence dans ce prestigieux musée genevois qui conserve une collection unique d'oeuvres africaines, océaniennes, mais aussi de l'Europe antique. Il ne s'agit pas là d'une démonstration : son art, qui est issu de l'abstraction géométrique, et qui ensuite est devenu franchement inclassable (mais ce n'est pas un défaut, au contraire) ne dérive pas de l'art dit primitif (qui ne l'est d'ailleurs pas !).
L'idée de cet artiste a été de mettre en scène des ouvrages en volume, comme Charybde, Scylla et aussi I'm alte, I'm Running for a Date, toutes de 2011.Cette dernière pièce contient des éléments figuratifs, qui lui attribuent une once d'humour. Split it III, de 2017, est une surface oblongue monochrome. C'est l'une des créations en verre qui ont marqué cette année=là, avec A Jean=Paul. Ce sont les « bulles en verre »). Ce n'est là qu'un bref aperçu de sa production au cours de ces deux dernières décennies. Mais avec Silvano de 2008 et Panorama de 2011, on peut constater qu'il est sans cesse en quête de nouvelles relations avec les matériaux entre le volume et la forme, qui échappe à toute référence dans l'art moderne. John M Armleder est un étrange sujet de la méditation esthétique, qui sait surprendre par son originalité et son souci de ne pas tomber dans les pièges de la mode. Il tient à cette solitude, qui est un absolu pour lui, qui l'autorise à frapper l'imagination des spectateurs pour cet « en soi pour soi ». Et les objets des terres lointaines qui l'accompagnent sont de pures merveilles. Si vous passez par Genève cet été, n'hésitez pas à visiter ce musée d'exception et de voir cette belle exposition.



Sans-titre, Julien Blaine, Les Presses du Réel, 64 p., 9 euro.

Notre ami Julien Blaine a une fois de plus repris la plume et c'est une bonne nouvelle. Là, il parle plutôt de politique. Il a assumé des fonctions à la mairie de Marseille, il ne faut pas l'oublier. Sans doute je préfère quand il s'en prend à la vérité du monde artistique de son époque -, notre époque, qui n'est pas tout à fait satisfaisante, loin s'en faut.Il s'émeut des événements tragiques qui se déroule à Gaza. Qui n'en serait pas ému ? Mais il oublie l'invraisemblable massacre commis par le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza et qui a profité de la générosité du monde entier pour construire une quantité phénoménale de tunnels sophistiqués pour attaquer Israël et y enfermer un certain nombre d'otages, dont une bonne partie sont déjà morts.
Je le répète, : nul ne saurait être indifférent à la situation du peuple palestinien. Mais à qui la faute ? N'avez-vous pas remarqué qu'une nation occidentale ne se prononce jamais sur ce sujet : la Grande-Bretagne. Les Anglais avait promis un Etat aux Juifs en 1917 (celle-ci a été filmée : Franz Kafka l'a vue et moi aussi). Plus tard, ils ont promis un Etat pour les Palestiniens.
Quand il se sont retirés de ce territoire, ils ont laissé les choses en l'état. Le lendemain de la déclaration de la fondation d'Israël, la jeune nation a été attaquée par six nations arabes et bien sûr par les Palestiniens. Ce pays, dont Joseph Staline avait été l'instigateur, (un livre a été écrit par un brillant historien sur le sujet), tout comme la Palestine ont dès lors été l'enjeu des grandes puissances de ce monde, soutenus par celles de moindre importantes. Bien sûr l'actuel gouvernement d'Israël est condamnable avec ses religieux ultra-orthodoxes et son premier ministre méprisable. La colonisation de la Cisjordanie est scandaleuse. Oui, tout cela est vrai. Mais rien ne justifie la détestation d'Israël, seul responsable aux yeux de notre planète. Voilà ce que je voulais lui dire. Je sais que sa position part d'un bon sentiment, mais il devrait aller fouiller l'histoire pour comprendre les racines de ce mal. Et pas besoin de remonter aux guerres juives contre les Romains relatées par Flavius Joseph ! Je ne déconseille pas ce livre car on y trouve sa légendaire verve, sa gouaille inimitable qui réconforte en ces temps peu aimables. Bien au contraire !




Propre, Alia Trabucco Zeràn, traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, « Pavillons », Robert Laffont, 272 p., 20, 90 euro.

Sans doute, ce roman n'a pas grand-chose en commun avec Le Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau en dehors du fait que l'héroïne est une jeune femme venue à Santiago du sud du Chili. Ce serait même l'opposé car cette domestique prétend ne pas avoir de fantasmes ni de petit ami. Elle est tout à sa tâche et n'a pas de relations. Elle ne communique qu'avec sa mère, qui va décéder au cours du récit. En revanche, elle s'attache à la petite-fille de sa patronne (celle-ci a accouché peu de temps après son arrivée).
Ce qui fait tout l'intérêt de cette histoire, c'est que jusqu'à la mort de la petite fille dans la piscine, c'est que rien de très particulier ne se déroule. On suit cette femme dans ses travaux quotidiens, dans ses rapports avec ses patrons (rapport qui devient peu à peu plus intime avec le père, mais sans jamais sortir des cadres de la convenance). A la fin elle se retrouve seule et doit retourner dans sa petite ville, Chiloé, sans aucune perspective. Il y a eu biMonsieiuren sûr la mort de la chienne Yani, qui a pris à ses yeux une importance intense. Mais l'auteur a très bien su rendre passionnant une fiction assez réaliste qui n'est pas une dénonciation du sort des gens pauvres dans son pays, mais un destin qui arrive à se définir malgré l'abnégation de cette femme soumise et sans grandes qualités.




Parmi le vol des ombres, Pierre Alfredo / Couleurs, Vincent Bioulès,La Méridianes « Liber », 32 p., 15 euro.

L'idée de départ de cet ouvrage n'a pas été que le peintre illustre le poète, ou réciproquement, que l'écrivain illustre l'artiste. Il s'agit d'une rencontre et les deux oeuvres cohabitent sans avoir de liens directs. C'est là un jeu d'affinités, rien de plus. Pierre Alfredo nous confie dans ses poèmes ses sentiments et ses passions, ses tristesses et pourtant un certain humour. Sa poésie repose sur la déclinaison de sensations fortes éprouvées au cours de so existence, en bien, comme en mal. Il nous invite à partager ce qu'il a pu éprouver et ce qui constitue la vérité de son existence. Les pastels de Vincent Bioulès ont été exécutés en 2023. Ils sont de facture abstraite, et ils reposent sur des tensions fortes entre les couleurs utilises, en général peu nombreuses. Malgré cette sensation de Laonflits entre les différentes teintes convoquées, on est bien obligé d'admettre que Bioulès a su en tirer une sorte d'harmonie. Cette étrange contradiction fait toute la beauté de ses pastels qui ne sont rattachés par aucune ligne formelle. L'ensemble de ce livre précieux est que la peinture ne l'emporte pas sur le texte. Et le contraire ne s'avère pas non plus. La poésie et la peinture ne se répondent pas, mais donnent plus de force à l'une comme à l'autre.




La Saulsaye, souffrir non souffrir, Fabienne Schwartz, lavis de Jean Hugo, La Méridiane, « Liber », Montpellier, 32 p., 15 euro.

Ce petit volume (format à l'italienne), a une longue et riche histoire, qui remonte à 1547, quand le grand poète Maurice Scève a publié Sausay - Eglogue de la vie solitaire. En 1970, Jean Hugo, l'arrière-petit-fils de Victor Hugo qui a décidé de devenir artiste pendant la Grande Guerre, ami de Jean Cocteau, de Pablo Picasso, de Georges Auric et de bien d'autres figures qui ont marqué la culture française des années vingt et trente, auteur d'une autobiographie en deux volumes, a décidé de se rendre à la Sausaye en 1970. Il en a résulté six lavis. Sans doute voulait-il illustrer le recueil de Maurice Scève. La poétesse Fabienne Schwartz a souhaité que son oeuvre poétique, toujours sur le même thème, soit illustrée par les créations de Jean Hugo. Le voisinage de ces poèmes et des lavis de Jean Hugo engendre une connivence par-delà le temps et l'espace et rend cet ouvrage des plus savoureux.




Pierre Soulages dans l'intimité de l'oeuvre & Entretiens, Nathalie Reymond, La Méridiane, Montpellier, 192 p., 30 euro.

Soulages, le pas de côté, Jean-Yves Tayac, Christophe Hazemann, avant-propos de Colette Soulages, préface de Benoît Decron, Méridianes, Montpellier, 96 p., 25 euro.


L'auteur nous relate sa première rencontre avec une toile de Pierre Soulages en 1974, dans une des salles de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Il s'agissait d'une grande composition de 1971.elle a eu quatre ans plus tard, il a eu la charge de se trouver au Musée d'Art et d'industrie de Saint-Etienne lors du vernissage d'une exposition de cet artiste.
Au cours de l'hiver 1978, elle a l'opportunité de visiter la rétrospective qui lui était consacrée au Centre Georges Pompidou. Au fil de ces « rencontres », elle a compris le sens de ce noir qui était censé absorber la lumière : en réalité elle la rendait encore plus vibrante.
En 1984, elle a collaboré à la préparation d'une exposition prévue pour le CNAP à Paris. Puis l'oeuvre de Soulages est présentée au Musée Salvador Alliende à Santiago du Chili. Elle a contribué à sa préparation avec José Balmès. Un an plus tard, elle a pu admirer les vitraux réalisés par Soulages pour l'église Sainte-Foy de Conques. C'est alors qu'elle a décidé d'écrire un essai sur le peintre -, un essai qui lui a pris cinq ans ! Ensuite, Nathalie Reymond nous relate ses visites à Sète, avec force de détails. A partir de là, le lecteur perd tout intérêt pour son récit qui est surtout une autobiographie. Elle décrit l'atelier avec une minutie impressionnante. Puis elle fait état d'autres expositions, dans des musées ou dans des galeries. Et tout cela est ponctué de visites à Sète. Si ses considérations sur certaines toiles de Soulages ont un réel intérêt, elle ne permet pas de suivre le déroulement de sa pensée esthétique. Ce parcours épuisant se termine par la salle Pierre Soulages au musée du Louvre en 2019. Comme elle a décidé de rien nous épargner, elle nous livre ses réflexions sur la manière d'écrire sur la peinture. Tout cela est fastidieux. Restent les entretiens en fin de volume, qui sont un peu décevant, car notre admiratrice inconditionnelle le fait parler de tout et de rien... En somme, c'est tout sauf une étude approfondie de la recherche de Soulages .
Sous le titre de Soulages, un pas de côté, Jean-Yves Tayac s'est efforcé de traduire dans son propre lanngage poétique les émotions et les sensations qu'il a pu éprouver au contact des compositions de Pierre Soulages. C'est d'autant plus intéressant que ces créations sont mises en regard de photographies de Christophe Hazenmann, qui ne prennent en considération que des détails des tableaux de l'artiste. C'est une expérience qui a le mérite de s'écarter des sentiers battus et de proposer une lecture de l'oeuvre de ce peintre disparu depuis peu, qui est de nature à nous faire voir les choses sous un éclairage très différent. L'auteur n'a pas eu l'intention de procéder à un commentaire plus ou moins savant de tous ces tableaux, mais plutôt de nous inciter à pénétrer dans le coeur de la peinture et d'en percevoir les singularités. C'est, à sa manière, une réussite qui mérite d'être saluée.
Gérard-Georges Lemaire
12-09-2024
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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