J'ai déjà eu l'occasion de parler à mes lecteurs de la vaste entreprise de Marie Morel : représenter les portraits des femmes oubliées des siècles passés. Grâce en particulier à un groupe de chercheuses québécoises. Chaque femme remarquable (artiste, scientifique, littéraire...) faisait l'objet d'une vignette, laquelle, associée à d'autres, donnait un tableau aux dominantes bleues d'environ 2 mètres sur 3. Aujourd'hui Marie Morel arrive au terme de son effort : un gros livre vient de paraître : la totalité des portraits sont reproduits sous le titre Les femmes oubliées des siècles passés. 448 pages couleurs. Couverture cartonnée, prix 50 euros. Préface d'Anaïs Frantz. Règlements, plus 15 euros de port à Regard/chez Marie Morel, 2 place de l'église Le Petit Abergement 01260 Haut Valromey.
Ce n'est pas tout : Marie Morel édite aussi Regard, « une minuscule revue d'art qui paraît de temps en temps » Chaque numéro est consacré à un artiste actuel. Il s'agit, pour le n°157 qui vient de paraître, de Danielle Burgart. Excellent choix d'une peintre encore peu connue, qui a appris son art en autodidacte dans les musées avant de s'installer dans un coin isolé de la Sarthe. Elle a toujours travaillé sur l'humain seul, jusqu'à ce que la découverte de revues ornithologiques du 18° siècle lui fasse découvrir les oiseaux. Elle est arrivée à un matin de novembre, au cours duquel une intuition l'a poussée à hybrider l'humain et l'oiseau : « la tête du faucon est venue remplacer l'humain. J'avoue avoir été surprise de ce geste. »
Il en a résulté la série Chemin d'exil depuis 2018. De la vraie peinture, venue de sa fascination pour Grünewald et Goya. Elle ajoute que Bacon aussi « fait partie de mes émotions ». Sait-elle, précisément, que Francis Bacon admirait les faucons ? Un jour, Isabel Rawsthorne tenait dans ses mains un faucon qu'un ornithologue était en train de baguer. Bacon, en se rapprochant, s'était émerveillé « de la colère de l'oiseau, raconte Patrick Grainville, de la beauté de sa tête nerveuse, fière, effarée, le cou, le bec ouvert, le corps fuselé, les ailes aiguës... » En tout cas, pour Danielle Burgart la découverte du faucon a été un tournant. Elle a fait d'une vaste grange son atelier avec grande verrière donnant sur la nature. « Je vois passer des lièvres, des oiseaux de toutes sortes, parfois (trop rarement) des chevreuils. Les murs, vieux de 500 ans, sont des compagnons de travail, de réflexion. Les lieux historiques nous font comprendre la fugacité de notre passage. J'aime travailler le matin, je me sens plus dans une énergie constructive. Lorsque j'éprouve le besoin de faire un breack, je quitte l'atelier pour un tour dans nos bois, je regarde les arbres, ceux qui se parlent, ceux qui ne s'aiment pas. J'ai mes préférences... »
Une vie de peintre en somme. Allez donc voir son travail sur son site :
www.danielle-burgart.com
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