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[verso-hebdo]
16-02-2023
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Le Blason des temps nouveaux, signes, emblèmes, et couleurs dans la France de la Renaissance, collectif, Editions in fine, 272 p., 39 euro.

Ce livre n'est pas seulement une mine d'informations pour les spécialistes. Il nous enseigne comment l'art des armoiries a évolué pendant la Renaissance dans notre pays. A la fin du Moyen-Age, les blasons se transforment et suivent le goût nouveau pour un art plus sophistiqué. L'une des premières manifestations de ce changement peut se voir dans L'Entrée d'Henri II à Rouen ou encore dans Le Voyage de Gênes de Jean Marot. Ce ne sont pas seulement les blasons qui sont dessinés avec plus de liberté graphique, mais aussi avec un contexte plus riche. On sort de la stricte évocation d'un emblème qui est strictement reproduit.
En Allemagne, en Angleterre on a tendance à multiplier la présence des blasons dans l'espace public (église, château, hôtel particulier, monument, également dans les tapisseries, les tableaux, etc.) Ils retrouvent ainsi toute leur importance pour indiquer un signe d'appartenance ou de noblesse. Cette nouvelle conception peut se retrouver autant dans les vitraux que les portails des grandes demeures. On découvre dans ce bel ouvrage toutes les formes adoptées à l'époque. Même si le blason est toujours prédominant, on constate que les armoiries, en plus de leur destination initiale, ont souvent une dimension décorative.
Le XVe siècle est véritablement celui où cette mise en évidence de la tradition de la noblesse ou encore de l'Eglise, mais aussi de leur poids dans la société qui a le désir de porter en avant une autre conception esthétique. Les armes font désormais partie de toure entreprise architecturale ou artistique, et pas uniquement commémorative ou juridique. Les essais qui y sont réunis apportent des éclaircissements sur des oeuvres célèbre, comme le fait Béatrice de Chancel Bardelot avec la tapisserie de La Dame à la licorne. Elle nous fait découvrir un aspect qui, pour nous, est indéchiffrable, et qui pourtant est indispensable pour comprendre la symbolique de cette merveille. L'examen du vitrail de Charles Hugoinet de Saillant à Viry est un décryptage passionnant d'une oeuvre qui a une iconographie assez claire, mais qui est enrichie de ce qui n'est plus à nos yeux qu'un détail sans signification.
Plusieurs textes sont dédiés à ce que l'héraldique a pu vouloir dire au cours de cette période, en ce qui concerne les familles d'un certain rang. Je tiens pour fondamental l'essai de Denise Turell, « Les Emblèmes partisans dans les guerres de Religion » car, en dehors de la valeur historique qu'elle développe, elle permet de se rendre compte que les symboles ont eu tendance à prendre d'autres sensdans un camp comme dans l'autre. Toute partie est d'ailleurs exclusivement réservée au rôle de l'emblème au sein de l'Eglise. Le clergé a souhaité avoir ses propres armories, qui sont presque en tous points comparables à celle de l'aristocratie.
Un autre essai à ne pas manquer est celui de Françoise Perrot, « Héraldique et vitrail » qui montre que les blasons ont tenu une place sans cesse plus grande dans l'art du vitrail (il s'agit en général du blason du donateur). Cela est aussi manifeste dans les tableaux religieux et une armoirie peut même devenir le sujet de la composition. Une partie conséquente tend à résumer de quelle façon l'emblématique a pu croître au coeur de la royauté française, prenant parfois des formes inattendues. D'autres texte abordent des questions qui sont loin d'être subsidiaires, comme les Jardins ou les parements de bataille. Ce travail collectif rend possible la connaissance de l'héraldique à la faveur de la Renaissance française et d'en distinguer les nombreuses évolutions dans la forme comme dans l'esprit et aussi de découvrir les clefs essentielles qui en dévoilent l'interprétation.




Yves Klein intime, sous la direction de Cecilian Brascht & Denis Riout, Hôtel dc Chaumont /Aix-en-Provence, Editions in fine, 192 p., 35 euro.

Quand Yves Klein (Nice 1928- Paris 1962, l'année même de son mariage avec Rotraut) a exposé à la galerie Apollinaire de Milan en 1957, il n'a vendu qu'une seule oeuvre et celle-ci a été acquise par Lucio Fontana ! C'est dire à quel point son oeuvre passionnait alors les collectionneurs ! Son appartenance au groupe des Nouveaux Réalistes créé par Pierre Restany a été fondamental pour un début de reconnaissance. Cette exposition présentée à l'Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence a pour thème l'existence de l'artiste plutôt que l'évolution de son oeuvre.
C'est une assez bonne idée, car on a tendance à valoriser le mythe qu'on a généré autour de lui plutôt qu'à la vérité des faits (il faut dire qu'il a largement contribué à la création de son, mythe car ses « actions » ou performances faisaient de lui l'interprète vivant de sa recherche). Il ne s'agit pas pour les commissaires de cette exposition de faire des révélations sur l'homme, mais plutôt de mettre en exergue l'homme singulier qui a mené cette oeuvre iconoclaste. Cette mythologie est l'essence même de son art, qui refuse les techniques et les attitudes traditionnelles des peintres, des sculpteurs ou des graveurs. Sa pratique (sérieuse) du judo, son intronisation au sein d l'ordre des Rose-Croix, ses mises en scènes (Le Vide, Le Plein, la destruction bien documentée d'un lingot d'or, ses peintures réalisées avec des corps de femmes nues ses Anthropométries), ses calcinations, pour ne citer que quelques-uns des événements publiques, auxquels il conviendrait de rajouter ses écrits et ses conférences - en particulier celle tenue à la Sorbonne. Tout chez lui a été soigneusement orchestré.
Les auteurs rappelle qu'Yves Klein a voulu dans sa toute jeunesse faire du théâtre. Celle-ci s'est transformée en une autre forme de théâtralité dans le champ de l'art, qui avait déjà vue le jours chez les futuristes et les dadaïstes au début du XXe siècle. Il a vite abandonné la carrière théâtrale. Il était)animé par la notion d'immatériel ou une sorte de spiritualité modifiée à ses propres fins afin de tracer un chemin original dans la création de son temps.
Nous découvrons dans cette manière d'appréhender la recherche de Klein une sorte de fil rouge, qui n'est pas celui d'une quête formelle, mais celle d'une quête permettant de connaître un tout autre aspect de la quête artistique. Si ses propositions formelles sont très différentes les unes des autres, il est indéniable que son aventure intérieure avait sa logique au-delà de la pure expression plastique. Ce catalogue nous fait don d'un portrait renouvelé de cet artiste qui, plus de cinquante après sa disparition, est perçu comme l'un des plus intéressant de la seconde moitié du siècle dernier.
Les oeuvres qui sont reproduites fournissent une excellente illustation de cette trajectoire qui s'est déroulée en quelques années avec une incroyable et virtuose intelligence : tout ce qu'il a fait est parfaitement ciselé et parfait, ne laissant aucune trace d'une hésitation ou d'un quelconque repentir. Il était précis bien que très fécond. Il a bien conçu des pièces sérielles, mais s'est vite interrompu. Il ne voulait pas entrer dans la répétition. En plus de cette passionnante explication de sa démarche, des entretiens avec des témoins prolongent cette exploration d'une vie si intense et qui a été la source d'ouvrages qui, en dépit de leur caractère « théorique », possédait le don de donner naissance à une fascination esthétique. C'est vraiment là un travail digne d'éloge et très utile.




Le Corps et l'anagramme, Hans Bellmer, édition de Stéphane Massomet, préface de Bernard Noël, L'Atelier contemporain, 248 p., 25 euro.

Hans Bellmer(1902-1975) a fait des études au lycée puis à l'université technique de Berlin en 1923 après avoir travaillé dans une mine. Il a des relations avec d'autres artistes, comme John Heartfield et Georg Grosz. Il quitte rapidement l'université pour apprendre la typographie chez Malik Verlag, où il fait des mises en page et des couvertures de livres. Il s'est rendu à plusieurs reprises à Paris à partir de 1925 et il est séduit par le surréalisme.
La situation politique en Allemagne l'inquiète profondément. Il réalise ses Poupées à partir de 1934 et édite un petit livre sur ces « sculptures » intitulé Die Puppe. Il ouvre une agence publicitaire. Bientôt rangé dans la catégorie des artistes dégénérés, il a décidé de s'exiler en France. Il publie certaines de ses oeuvres et des écrits dans la revue surréaliste Le Minotaure. Il est invité à participer à une exposition surréaliste itinérante (Londres, New York). Après la guerre, il s'est consacré beaucoup à la gravure. Mais il s'est aussi beaucoup dédié à l'écriture.
Dans sa préface, Bernard Noël s'est évertué à nous illustrer la démarche de Bellmer avec une profonde justesse. Il y explique avec une grande subtilité les relations qu'il a établies entre le langage et le corps. Ensuite, Stéphane Massonet raconte l'histoire éditoriale de Bellmer en France, en commençant par Les Poupées (traduit de l'allemand) dont la traduction paraît chez Guy Levis Mano en 1936. C'est très détaillé et permet de prendre toute la mesure de l'activité littéraire de l'artiste, qui est une sorte de miroir de son oeuvre plastique. Il a alors partie liée avec les surréalistes, mais aussi avec Sophie Tauber-Arp qui l'imprime dans sa revue Plastique. La guerre met un coup de frein à ses projets éditoriaux. C'est une dimension toujours plus notable. Le propos de l'artiste n'a pas été de composer des récits ou d'illustrer ses propres oeuvres.
Il s'est efforcé de traduire par l'écriture les principales clefs de ses créations plastiques. Ces textes, assez courts en général, sont faits pour facilité notre approche de son univers et de ses significations. C'est un voyage décrit avec précision dans ce qui l'obsède et le mène ç tracer ces corps érotisés à urgence. Mais il se garde de faire des analogies avec d'autres tableaux ou dessins. En revanche, il s'est attaché à métamorphoser ses scénettes en une sorte de tableau qui révèle la profondeur pas toujours visible de ses crayons et de ses gravures. Il nous oblige à les observer de plus près et de ne pas nous arrêter au seul sujet, qui est fascinant par nature. Il a désiré faire entrer dans l'espace de ses planches toutes les résonances possibles de ce qui a pu le pousser à les réaliser. Il faut souligner que ces écrits sont très beaux dans leur sobriété et aussi un guide très intriguant de cet homme qui a choisi de renoncer à la toile ou au volume (sauf en de rares occasions). C'est là un superbe travail d'écriture et un discours de la méthode pour explorer un imaginaire où le désir est prédominant.




Le Typographe de Whitechapel, Rosie Pinhase Delpuech, Actes Sud, 192 p., 17 euro.

C'est indéniablement un roman, mais élaboré d'une manière très spéciale, associant la réalité historique et la fiction pure. Mais c'est la réalité qui l'importe malgré tout, en dépit d'un déroulement narratif assez singulier. Quoi qu'il en soit, on lit ces pages avec ravissement. L' optique très spéciale car la fiction est étroitement mêlée à la réalité historique. Rosie Pinhase Delpuech nous invite à remonter le temps et à nous retrouver dans le quartier très pauvre de Londres, Whitechapel. Nous nous trouvons au tout début du XXe siècle dans les rues de Whitechapel, le quatre très pauvre qui est situé dans l'East End de Londres.
Elle ne procède pas à la façon de Charles Dickens en nous faisant découvrir un quartier londonien en suivant les aventure de ses héros. Toutefois, notre écrivain a choisi un homme de lettres de talent, Y. H. Brenner, mais celui-ci lui sert de fil d'Ariane dans son récit. Elle surtout dépeindre la vie des Juifs, très modestes, qui ont fini par échouer dans cette triste partie de la capitale britannique.
Elle ne fait pas à proprement parler u,e sociologie de ce milieu, mais a souhaité d'abord présenter des catégories humaines en marge de la société d'alors, mais surtout des travailleurs. Elle raconte quels ont été leurs rapports avec leur langue - je devrais dire leurs langues - le yiddish au premier chef pour tous les ashkénazes venus de l'Europe centrale et surtout orientale, mais aussi l'hébreux qui commence à prendre corps à l'époque Lord Befour à la Chambre promet un « foyer juif » en Palestine (c'est une promesse qu'il va rééditer en 1917 et dont Franz Kafka rend compte dans son Journal).
L'existence de Brenner se fond dans cette communauté surpeuplée, qui est taraudée de l'intérieur par les mille strates de sa culture, de sa religion, et des mille manières de lire et d'interpréter la Torah. Elle n'a pas hésité un instant à faire des allers et retours dans le temps, de Moïse à Sigmund Freud qui est venu se réfugier à Londres en 1938, peu avant l'Anschluss et l'entrée triomphale d'Hitler à Vienne.
C'est à la fois passionnant par ce qu'elle nous fait découvrir un petiot monde des plus curieux et qu'elle fait apparaître ses traits les plus significatifs. Les journaux tiennent ici une place prépondérante, et l'unique typographie pouvant les imprimer est une sorte de lieu mythique autour duquel tourne tout ce monde qui se révèle dans toute sa diversité. Dès qu'il est question de la judéité, on est confronté à une multitude de postures et de comportements assez différents malgré tout ce qui peut les rapprocher.
C'est un livre qui est une exploration féconde et aussi divertissante qu'instructive au moment où, à l'égide de Brenner et d'autres écrivains, l'hébreu prend racine. u microcosme juif d'une cité qui les a confinés dans sa partie la plus misérable, mais peut-être aussi la plus vivante et la plus curieuse. Ces femmes et ces hommes ne sont pas accueillis avec enthousiasme dans le contexte anglo-saxon et dans la société de l'époque. Mais on le supporte avec une pointe de mépris. Il faut donc adresser à l'écrivain un satisfecit et plus encore.




Collectionneuses, artistes et mécènes, Valérie Bougault, La Fondation des Artistes / Editions in fine, 224 p., 29 euro.

Je ne peux m'empêcher d'exprimer mon agacement sur le nombre toujours croissant d'expositions et d'ouvrages consacrées aux femmes qui ont eu une certaine importance dans le monde de l'art. Cela est devenu une mode qui ferait croire qu'on a négligé le sexe faible dans ce domaine. Dans le cas présent, l'objet de cette étude est peut-être plus justifié car on connaît peu de collectionneuses d'un niveau élevé que leurs homologues masculins.
La première à figurer dans cet ouvrage est Adèle Hannah Charlotte Mayer (qui va devenir Rothschild) née à Francfort-sur-le-Main en 1843. Mariée à Salomon de Rothschild dans sa ville natale, elle ne rêve que de vivre à Paris et aussi de faire débuter sa collection d'antiquités et d'oeuvres modernes à partir de 1873, qu'il a ensuite installée dans l'hôtel particulier qu'il a fait construire rue Berryer à Paris. Mais elle est devenue veuve à l'âge de 22 ans, son mari étant frappé d'une crise cardiaque en mars 1864. La disparition prématurée de son époux l'a plongée dans un grand désarroi et elle a porté le deuil très longtemps. Elle a partagé avec lui beaucoup de choses et, entre autres, un profond amour de l'art. Après leurs épousailles, Salomon a été pris d'une frénésie d'achats et a constitué une quadreria assez imposante. Elle en a pris grand soin dans son hôtel de l'avenue de Friedland, et l'a enrichie.
Si la biographie de cette femme est très détaillée et si ses donations et son testament sont aussi très bien expliqués dans le détail, on ne sait pas grand-chose de la collection proprement dite. C'est bizarre et d'ailleurs très peu d'illustrations nous en donne une idée. En ce qui concerne la seconde partie de l'ouvrage, celle qui évoque la personnalité de Jeanne et Madeleine Smith, nous pouvons faire le même genre de remarque : c'est une longue et donc très détaillée étude la la généalogie de la famille, mais les collections sont assez peu traitées. L'intérêt historique de cette généalogie et de ces biographies est évidente, mais nous restons encore une fois très peu informés sur leurs collections. La dernière partie concerne la création et le développement de la Fondation des Artistes. C'est dommage car on aurait aimé connaître la réalité de ces grandes collections.
Gérard-Georges Lemaire
16-02-2023
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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