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[verso-hebdo]
01-07-2010
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Qui est Nicolas Bourriaud ? |
Nicolas Bourriaud vient d’être nommé chef de l’Inspection générale de la création artistique au ministère de la culture. Or ce critique d’art âgé de quarante-cinq ans n’est pas un fonctionnaire de carrière ; pour accéder à ce poste prestigieux, il n’a pas fait l’ENA, pas plus qu’il n’est passé par les postes d’inspecteur et d’inspecteur principal de la création : qui est-il donc ? Disons que Nicolas Bourriaud réunit deux qualités rares : il est un homme d’action en même temps qu’un véritable théoricien. Commissaire d’expositions exceptionnellement doué, il a créé l’événement à la Biennale de Venise en 1993 en organisant l’Aperto à l’âge de 28 ans. Il a co-dirigé le Palais de Tokyo (avec son condisciple à l’Icart Jérôme Sans) avant d’être chargé par la Tate Britain de la responsabilité de la Tate Triennal 2009. J’en passe, mais tout cela n’est pas essentiel.
L’essentiel chez Nicolas Bourriaud, comme l’a écrit Marie Muracciole dans la revue Critique d’art, c’est qu’il restera à jamais l’inventeur de l’Esthétique relationnelle, ouvrage paru en 1998 qui l’a placé d’emblée parmi les théoriciens de l’art d’envergure internationale, dont les textes sont souvent publiés d’abord en anglais. De qui, en France, peut-on en dire autant ? Je ne vois que deux grands disparus, Pierre Restany et Bernard Lamarche-Vadel, qui justement ont tous deux été ses modèles. Avec ses livres suivants, Formes de vie en 1999, Postproduction en 2001, Radicant en 2009, il a décrit l’art de son temps comme « une table de montage alternative du scénario de la réalité » sur laquelle les artistes qu’il a repérés « s’attachent aux codes et aux récits qui composent notre actualité, dont certains proviennent du plus lointain passé ». Lui-même serait le critique assez cultivé pour composer ses textes sur une table de montage, où se rejoignent le « nouveau paradigme esthétique » de Félix Guattari qui reprenait lui-même la proposition de Michel Foucault de faire de sa vie un « objet esthétique », et aussi l’invention du quotidien selon Michel de Certeau et encore Gilles Deleuze ou Pierre Bourdieu (qui considérait le monde de l’art comme un « espace de relations objectives entre des positions »).
Aujourd’hui, Nicolas Bourriaud annonce un mouvement altermoderne (par opposition au post-moderne) qui sera « radicant », tel le lierre qui développe des racines adventices, en se démultipliant. Il étudie aussi avec passion l’apparition d’un nouveau mode formel qu’il appelle la « forme trajet »… Bref : curieux de tout, acteur engagé dans l’évolution de l’art de son temps, il en est devenu l’un des témoins capitaux, un témoin sans parti pris et sans esprit sectaire, quoi qu’en pensent ceux qui ne l’ont pas lu. J’aime citer de mémoire une phrase de lui qui m’avait frappé dans les années 90, alors que la bataille faisait rage entre « pro » et « anti » art contemporain : « Il y a deux sortes d’imbéciles, ceux qui n’aiment pas la peinture, et ceux qui n’aiment que la peinture ». Pas mal envoyé, non ?
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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