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[verso-hebdo]
03-09-2010
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La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau |
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| Les fausses valeurs ne dupent que les faux amateurs. |
Avalanche d’annonces pour la rentrée artistique : depuis les travaux « glycérophtaliques » d’Erró à la galerie Louis Carré (9 septembre) jusqu’aux « séries africaines » d’Ousmane Sow au Quai à Angers (4 septembre) en attendant le nouveau film de Pierre Huyghe à la galerie Marian Goodman de Paris (23 octobre), l’amateur aura beaucoup de choses à découvrir dans tous les genres, depuis les œuvres classiques d’Anish Kapoor, Meret Oppenheim ou Martial Raysse à la galerie de France (qui les qualifie de « majeures », 9 septembre) jusqu’aux propositions les plus récentes, par exemple celles de Jean-Claude Meynard, le maître de l’art fractal, à la Villa Tamaris-Centre d’art de la Seyne-sur-Mer (10 septembre). Il n’oubliera pas de visiter les galeries nouvelles, par exemple la galerie Torri, 7 rue Saint Claude à Paris, dont l’exposition d’ouverture sera consacrée à Véra Molnar (4 septembre), en attendant, entre autres, Larry Gagosian…
Cette effervescence est de bon augure : reste à savoir si elle va être accompagnée par une reprise du marché, après les soubresauts consécutifs à la crise des subprimes. La maison Pierre Bergé et associés semble le croire, qui annonce de bons résultats pour le premier semestre 2010 et prépare avec confiance une grande vente d’art moderne et contemporain les 6 et 7 décembre à Bruxelles. Mais des articles de presse (spécialisée ou non) évoquent encore un profond marasme : que faut-il croire ? La situation de la rentrée 2010 ressemble curieusement à celle de 1992, qui avait donné l’occasion à un célèbre commissaire priseur, Me Jean-Claude Binoche, de donner un intéressant point de vue dans la Revue des Deux Mondes.
« L’art est un jeu » affirmait maître Binoche. Et même un jeu dangereux pourrait-on ajouter (on sait que, deux ans plus tard, il serait condamné pour abus de confiance et suspendu de l’ordre de la Légion d’honneur pour une durée de cinq ans) mais, insistait le commissaire priseur, « c’est faire honte à l’art que de hurler à l’argent qui l’a pourri ». Sa thèse était la suivante : l’arrivée massive de riches collectionneurs jeunes et incultes n’a permis la valorisation excessive que de « croûtes » sans intérêt artistique, lesquelles sont retournées au néant à la première alerte. Les œuvres de qualité, quant à elles, n’ont jamais connu de crise et n’en connaîtront jamais. « Est-ce notre faute si quelques dents longues ont les yeux plus gros que le ventre ? Si les fausses valeurs ne dupent que les faux amateurs ? »
Sans doute la crise du marché de l’art contemporain n’était-elle pas de la faute des Maisons de vente au début des années 90. Ce ne n’est pas davantage le cas vingt ans plus tard, mais il y a toujours, hélas, de fausses valeurs et de faux amateurs.
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| Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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