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[verso-hebdo]
23-09-2010
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Permanence des artistes polonais en France |
Avec quatre artistes de premier ordre, l’exposition Art, Pologne, Aujourd’hui qui ouvrira ses portes à Chartres le 8 octobre (jusqu’au 10 décembre, Archives départementales d’Eure-et-Loir) ne saurait être exhaustive, mais elle a l’ambition d’être significative, et elle l’est effectivement : d’abord parce qu’elle s’inscrit dans une longue et toujours vivante tradition, ensuite parce que Wela, Piotr Szurek, Gabriela Morawetz et Aliska Lahusen sont particulièrement représentatifs de la modernité polonaise dans le domaine des arts visuels. Une longue et toujours vivante tradition : inutile de remonter au gothique, propagé autrefois sur les bords de la Vistule par des moines cisterciens et prémontrés français, pour affirmer la permanence des liens artistiques entre la France et la Pologne. N’est-ce pas Alexandre Kucharski, par exemple, qui fut le dernier peintre officiel de Marie-Antoinette et l’auteur de son bouleversant portrait en tenue de deuil, exécuté en cachette à la prison du Temple ?
Plus près de nous, il n’est pas indifférent que deux femmes aient illustré avec éclat l’école polonaise de Paris, dont il ne serait pas exagéré de dire qu’elle constituait le meilleur de l’école polonaise tout court : Olga Boznanska (morte en 1940), puis Mela Muter (disparue en 1967). La première, émule de Whistler et Manet, choisit une manière de peindre libre, mais avec une palette limitée aux tons obscurs. Quels que soient les sujets, la peinture de Boznanska était empreinte de gravité : elle excellait à traduire des atmosphères de mélancolie et de recueillement, tout juste relevées par une touche de carmin mêlé de blanc.
La seconde, intimement liée à la vie intellectuelle parisienne (amie d’Arthur Honneger, Romain Rolland et Rainer Maria Rilke, elle s’était fait dessiner un projet de maison à Paris par Auguste Perret), approfondit les sillons creusés par Gauguin et Cézanne, mais aussi Vuillard, Mela Muter, artiste reconnue internationalement, avait adopté, comme Boznanska, des coloris éteints et cultivait une vision mélancolique de la condition humaine comme des simples objets qu’elle observait. « Dans l’art, il faut être taciturne, enseignait-elle, il ne faut pas présenter tous les détails, il faut se concentrer sur les choses pertinentes. »
Des artistes représentatifs de la modernité : Wela, Szurec, Morawetz et Lahusen ont choisi des options différentes, leurs modes d’expression et leurs thèmes d’inspiration ne sont pas les mêmes, et cependant certains points communs les unissent profondément à au moins deux niveaux. Premier niveau : les uns et les autres démontrent une parfaite connaissance de la situation artistique de leur temps, ils en connaissent les enjeux de manière intime, ils en maîtrisent les techniques avec autorité. Bref : ils en savent assez pour éliminer ce qui leur semble anecdotique et intégrer à leurs démarches respectives ce qui, du minimalisme, du conceptualisme ou du post-modernisme entre autres, peut être utile à la mise en œuvre de leurs langages spécifiques.
Deuxième niveau : tous les quatre semblent avoir perçu avec acuité le message de Mela Muter : leur art n’est pas nécessairement « taciturne » mais il est incontestablement grave. Leurs recherches formelles ne s’accommoderaient pas de motifs futiles. On sent toujours que quelque chose d’essentiel nous est proposé, qui ne peut être transmis que par les moyens de l’art. Un art de haute exigence, qui ne se concentre « que sur les choses pertinentes » : un art véritablement polonais en somme.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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