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[verso-hebdo]
11-07-2010
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La lettre estivale de Jean-Luc Chalumeau |
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Un « chef-d’œuvre d’aisance fulgurante et de spontanéité » |
Cette lettre accompagne la mise en ligne du numéro 57 de la revue Verso (dont le dossier est consacré à ChantalPetit) ; elle s’interrompt en juillet-août et reprendra en septembre son rythme hebdomadaire.
Comme chaque été, les expositions et festivals en tous genres sont innombrables à travers la France, et c’est tant mieux. Les guides se multiplient pour permettre aux vacanciers de construire au mieux leurs itinéraires culturels : bravo si, plus que jamais, le mot d’ordre est de ne pas bronzer idiot !
Qu’il me soit permis de formuler tout de même une suggestion hors actualité et de proposer un exemple complètement marginal.
Une suggestion hors actualité : nos musées de province sont incroyablement riches de chefs-d’œuvre complètement méconnus. Ne serait-ce pas le moment idéal pour leur rendre des visites libérées des contraintes « événementielles » (comme disent les spécialistes de la communication) ?
Un exemple complètement marginal : mon éblouissement récent en découvrant, au musée des Augustins à Toulouse, une petite huile sur papier d’Edouard Manet ne figurant même pas dans la plaquette de présentation des collections. Il s’agit du portrait de Marguerite de Conflans (qui sera plus tard Madame d’Angély). Elle n’est pas particulièrement jolie, mais le peintre utilise habilement, quoique sans beaucoup de vraisemblance optique, un miroir pour suggérer son profil, qui a un charme presque espiègle. C’est le moment (1876) où, selon Pierre Daix, Manet multiplie « les chefs-d’œuvre d’aisance fulgurante et de spontanéité ». Ce qui compte ici est moins le visage de la jeune femme, qui se trouve chez elle un livre à la main, que le large déshabillé clair dont elle est vêtue. Le peintre, à larges coups de pinceau, magnifie la lumière accrochée par le tissu léger (les bras sont délicatement visibles par transparence). Dans ce tableau, comme en 1878 avec la Jeune blonde aux seins nus du musée d’Orsay, Manet apparaît comme un immense virtuose de la peinture de pure délectation.
Séduit par Marguerite, je pars quant à moi à la recherche d’autres chefs-d’œuvre méconnus des musées de France, et je vous invite à en faire autant. Bonnes vacances.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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