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[verso-hebdo]
23-01-2025
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La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane solitaire |
Fragment d'un village global, Marsall McLuhan, traduit de l'anglais (Canada) par Nathan Esquié, Allia, 112 p., 8 euro.
Né à Edmonton, province d'Alberta au Canada en 1911, La famille s'est installée à Winnipeg en 1915. Herbert Marshall McLuhan a fait ses études supérieures à l'université de Manitoba à partir de 1928. Diplômé en 1933. Il est allé ensuite au Trinity Hall de Cambridge, ou il s'est diplômé en 1936. Il a achevé sa lente conversion au catholicisme en 1937 sous l'influence de G. K. Chesterton. De retour en Amérique, il trouve un poste d'assistant à la Wisconsin-Madison University pout l'année académique 1936-1937. Il a ensuite enseigné à Saint Louis University jusqu'en 1944, achevant sa thèse de doctorat sur Thomas Nashe. Il est retourné au Canada et n'a plus enseigné que dans d'illustres institutions catholiques comme l'Assumption le College à Windsor (Ontario) ou le St. Michael College à Toronto Au début des années cinquante, il inaugure un séminaire sur la communication et la culture grâce au soutien de la Ford Fondation. Il publie en 1951 son premier livre important : The Mechanical Bride. Il y analyse les modes de persuasion qui se manifestent dans la culture populaire de son époque, et donc la puissance des mass media. L'ouvrage comprend 59 courts essais et son titre dérive de l'oeuvre célèbre de Marcel Duchamp. Il est plus que probable qu'il ait influencé Roland Barthes pour ses Mythologies. Il fait paraître en 1962 The Gutenberg Gallaxy : The Making of Typographic Man, qui connaît un grand succès. Suivent de nombreux ouvrages dont The Global Village. Il s'est éteint en 1980. Son Global Village a paru neuf années après son décès.
Le présent ouvrage est un entretien publié par la revue Playboy en mars 1969. Il est extrêmement intéressant car il suit de peu la publication de ses principaux ouvrages et vient peu après les événement de 1968. Il a tenu à préciser qu'il n'a jamais voulu prendre partie (il entend donc de délivrer de tout message idéologique) et que sa recherche est une observation pointue des nouveaux éléments apparus dans notre civilisation par le biais des technologies. Il ne repousse pas les formes populaires (radio, télévision, etc.) et les place sur le même plan que les ordinateurs, qui ne sont pas encore des objets d'utilisation commune. Il propose une vision rétrospective du monde humain, qui part de la culture orale et va jusqu'à la culture écriture, pour ensuite se développer et se ramifier par l'intermédiaire des moyens électroniques qui n'ont de laisse de prolonger les sens de l'homme et ses facultés cognitives. Il s'exprime avec simplicité et s'adresse à une majorité d'auditeurs. S'il fait reposer sa démarche sur des fondements scientifiques, Il évite le plus possible le jargon universitaire. En sorte que cette longue et passionnante conversation permet à tout-un-chacun de suivre sa démarche sans trop de difficulté alors qu'elle aborde des questions modernes des plus techniques. Ce qu'il tient à souligner, c'est que nous époque a multiplié les éléments de langage et que l'imprimerie n'est plus désormais qu'une étape déterminante mais dépassée de notre univers. Les moyens de communication se sont diversifiés et complexifiés. Dans une sorte de gigantesque paradoxe, nos avancées dans cette sphère de la communication finissent par instaurer une nouvelle forme de tribalisme. Ce qu'il appelle le village global n'est plus aujourd'hui une vision utopique, mais une réalité bien ancrée.
Ce qui frappe le plus dans son discours, c'est sa capacité de comprendre de manière claire et cohérente des réalités qui sont plutôt difficiles et qui ne cessent de connaître des progrès déconcertants et rapides. Tout ce qu'il a pu écrire s'est révélé exact - mais ce n'est pas un voyant. Il a eu tout simplement la lucidité de lire dans les lignes d'une technologie qui a commencé à se laisser deviner pendant la seconde moitié du XIXe siècle et qui a pris son essor pendant tout le siècle dernier. Aujourd'hui nous en sommes à la seconde phase, celle où tout est devenu possible et ne laisse pas deviner une conclusion, ni même un ralentissement - bien au contraire. Ce qui peut être troublant, est que notre éducation est sous-tendue par le passé lointain (qu'il soit légendaire ou antique) et que le savoir n'a pas été mutilé : il a tout bonnement pris des formes toujours plus larges et presque insondables. Relire (dans mon cas) Marshall McLuhan aujourd'hui est un peu déconcertant car à l'époque où je faisais mes études, il faisait figure de prophète d'un avenir encore en cours d'élaboration. Aujourd'hui, ses essais semblent se limiter à dépeindre ce qui est déjà advenu. C'est quasiment un classique de la pensée (ce que n'a pas été Herbert Marcuse qui a trop cherché à se rapprocher des idées plus ou moins révolutionnaires de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix). Son diagnostic a vraiment été le bon et, par les temps qui courent, il pourrait commencer à faire un peu peur !
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Gérard-Georges Lemaire 23-01-2025 |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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