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[verso-hebdo]
28-03-2024
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La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
Moroni, il ritratto del suo tempo, sous la direction de Simone Facchinetti & Arturo Galansino, Edizioni Galleria d'Italia / Skira, 344 p.
La Galleria d'Italia à Milan présente jusqu'au 1er avril une magnifique exposition anthologique de l'oeuvre de Giovan Battista Moroni (Albino vers 1521 - vers 1580. Il apparaît comme un émule de Lorenzo Lotto et d'Alessandro Bonvicino dit le Moretto, qui peut être considéré comme son maître. Il est connu surtout pour ses nombreux portraits d'hommes vêtus de noir (il y a aussi des femmes).Il faut alors s'interroger pourquoi tous ces personnages étaient ainsi habillés tout en noir en dehors de la collerette blanche. La raison principale de cette mode austère était en réalité la mode.
La teinture noire coûtait plutôt d'un prix élevé et seuls les membres de l'aristocratie ou de la bourgeoisie aisée pouvaient porter de tels vêtements. Un autre facteur est venu s'ajouter au premier : le concile de Trente, commencé en 1545 et qui s'est terminé en 1563. Cinq papes l'ont favorisé de Paul II à Pie IV. Il y eut trois sessions successives. L'objectif de la réunion des pères conciliaires a été de trouver une réponse forte et efficace à la Réforme. Les partisans de Martin Luther reprochaient à l'Eglise son luxe et ses fastes. Il a donc fallu opter pour une transformation profonde de la manière de s'habiller. A l'Escurial, Philippe II d'Espagne aux membres de s'habiller tout de noir. Et cet était d'esprit s'est répandu dans toute l'Europe catholique. (Nombreux sont les peintres à respecter ce code vestimentaire, comme Le Titien ou Anthonis Mor)) Sur cette question, il est important de souligner que les protestants avaient eux aussi jeté leur dévolu sur une mise noire des plus sobres.
Moroni a peint pour l'essentiel des ecclésiastiques (souvent des cardinaux donc vêtus en rouge), et des gentilshommes dont on ignore l'identité. Parfois, ils portent l'épée et même une cuirasse. Mais, en règle générale, ils ont des livres avec eux, soient qu'ils soient en train de lire, soit qu'il les porte. On sait que certains sont de nature religieuse, mais pour l'essentiel on ignore quels sont ces ouvrages. Ce qui est singulier dans l'oeuvre de Moroni est qu'il ait peint un seul artisan, qui est le superbe tailleur, exécuté entre 1572 et 1575, portant une veste blanche. D'aucuns pensent que certaines de ces figures sont celle de poètes, mais ce n'est là que pure conjoncture. Il faut aussi remarquer que plusieurs de ces individus tiennent des lettres à la main. Il est évident que Moroni s'était fait une haute idée de la culture et il est regrettable qu'on ne puisse pas savoir de quoi il s'agit précisément.
Un autre trait saillant de l'art de Moro ni est sa méthode de travail : ses figures sont la plupart du temps en mouvement - une manière de travailler qu'il a adopté au contact du Moretto, comme on peut le voir dans L'Homme en pied de 1526. La pose est définie de telle sorte qu'elle laisse supposer un mouvement. « Rittrare », déjà avec Alberti est l'idée de saisir un individu non seulement en fonction de son aspect physique, aussi de ce qu'il pense et de ce qu'il exprime de sa personnalité. Le portrait de Pace Rivola Spini, peint vers 1575, est un exemple de cette conception, même si la femme représentée se tient droite et regarde le spectateur. En outre, nous découvrons ici la peinture religieuse de Moroni, quasiment ignorée. Ce n'est pas là où il a excellé le plus. Mais il y a des détails intéressants, comme cette grande composition faite vers 1551où la Vierge à l'enfant surplombe sur un nuage un groupe de saints, dont Ambroise, Grégoire et aussi Jean-Baptiste qui est associé aux Pères de l'Eglise. Saint Jérôme indique quelque chose au pape un passage de la Bible.
Ce pourrait être sa critique de la Septante, où la version qu'il a écrite de sa main en partant des textes en hébreux. Un dessin s'intéresse presque exclusivement à Jérôme accomplissant ce geste qui a été décisif dans la relation à la Sainte Ecriture. Enfin, on apprend que Moroni a pu s'inspirer de des prédécesseurs au point de les imiter, comme c'est le cas pour La Vierge à l'Enfant, qui est directement inspiré du même sujet peint par Andrea Solaria. La vérité qu'il a su saisir dans les visages, les mains, la gestualité de ses sujets, il ne l'a pas retrouvée dans ses « machines » ecclésiastiques. Il y a parfois de beaux moments, comme dans Le Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie (vers 1568-1570), mais il est demeuré assez conventionnel et figé. Quoi qu'il en soit, nous sommes mis en demeure par ce catalogue riche d'informations et de reproductions de donner plus d'importance à cet artiste qui mérite un sort meilleur.
Toti Scialoja, tempo come gesto assoluto, Gli Ori, Galleria Open Art, Prato.
Antoni (Toni) Scialoja est né à Rome en 1914 et il y est décédé en 1998. Il s'était lancé dans des études juridiques qu'il a vite abandonnées en 1937. Il s'est exclusivement consacré au dessin et à la peinture. Sa première exposition personnelle a eu lieu à Gênes en 1940.puis il s'est consacré au théâtre, réalisant en 1943 les décors de l'Opéra des gueux de John Gay. Mais le spectacle est interdit par les autorités fascistes. >Il a épousé Titina Maselli en 1945. Il a pu ensuite exposer à Rome avec Emilio Vedova et Giulio Turcato.
Au début des années cinquante, il a abandonné toute référence à la figuration et il s'est donc lancé dans une recherche abstraite. Il a exposé à plusieurs reprises à la Biennale de Venise (1950, 1952 et 1954). Il a présenté une exposition de ses nouveaux travaux à la galerie Il Milione à Milan en 1954, en particulier ses Empreintes, qui ont été l'expression de sa conception de l'abstraction. Il est curieux de noter qu'il a comencé par réaliser un Autoportrait puis une Lecture d'enfance, qui constituent ses premières expériences dans la sphère de l'abstraction. Un an plus tard, il a abandonné la peinture à l'huile et la tempera pour n'utiliser que le sable et de la poudre de résine vinylique. Cette technique lui a été suggérée par Alberto Burri. Il en est résulté une gamme de couleurs plus soutenues. Il a renoncé à la géométrie, tentant par ce biais de supprimer la distance entre l'intérieur et l'extérieur. L'espace qu'il a alors investi est un moyen d'unir les choses. Ce sont, écrit-il, les racines et les feuilles de notre âme. A cette même époque, il voyage à Paris et aux Etats-Unis, où il a séjourné un certain temps. Il a exposé à la galerie Viviano à New York. Il a pu rencontrer certains artistes américains de valeur, dont Mark Rothkoet Robert Motherwell. C'est alors qu'il a désiré développer un art qui s'est distingué des modes abstraits déjà bien implantés aux Etats-Unis et en France. Les Empreintes sont désormais son mode d'expression.
Elle a révélé au public à la galerie La Salita à Rome en 1958. Un grand tableau intitulé Répétition, de 1959, où il a utilisé en plus la poudre de marbre, est le triomphe de cette idée de l'empreinte, qui a été pour lui la manifestation la plus forte de ce que son art peut communiquer. En 1959, il a eu l'idée d'utiliser une corde pour laisser une empreinte sur la toile et, ensuite, il l'a collée sur le support. En sorte que ses empreintes ont eu plusieurs significations au cours de ces années jusqu'en 1960. Et il n'a pad fait des empreintes un systèmes, mais plutôt un point de départ dans le but d'engendrer des compositions différentes. Par exemple, leurs formes se sont allongées et sont par conséquent devenues plus minces, comme on peut le voir avec Septembre 1962. Son esprit est sans cesse en mouvement, sans jamais provoquer une rupture radicale. Les couleurs se sont multipliées et des bandes verticales ont pris des aspects de plus en plus différents.
Bientôt il a introduit des larges plages colorées, qui sont monochromes. En 1967, il a renoncé à ses empreintes pour une suite de bandes de couleurs variées plus ou moins larges et plus ou moins hautes. La fin des années soixante a marqué une transformation profonde de sa façon de concevoir l'espace plastique. Il a imaginé une géométrie faites de lignes droites et de plans rectangulaires. Il a eu aussi recours à la technique du collage. Ce qui est curieux, que tous ces changements se sont réalisés dans une sorte de logique, comme une digression progressive. Plus tard, il est passé à une libre gestualité qui a trouvé son expansion au début des années quatre-vingt. En définitive, Toni Scialoja n'a pas souhaité être un théoricien de son oeuvre, mais plutôt un être qui a souhaité aller au fond de ce qu'il a recherché pour ensuite décliné le fruit de cette quête. Il ne faut pas oublié qu'il a également beaucoup écrit et que sa poésie a fait date. C'est là un créateur qui n'a pas voulu suivre des setiers battus à une époque où ont fleuri bien des écoles. Mais il n'a pas non plus voulu se mettre complètement en retrait. Il a surtout eu le souci de son indépendance d'esprit.
Tempo & metamorfosi, Ariel Soulé, Franco Rossi, Rocca di Orzinuovi.
Je vous ai déjà entretenu de ce peintre d'origine argentine (il est né à Buenos Aires) et qui a vécu en Espagne avant de s'installer à Milan. J'ignore toujours pourquoi il a fait ce choix. En tout cas, il remplit son atelier avec constance et y prémédite des tableaux qui diffèrent sensiblement de tout ce que l'on peut voir dans les galeries de la capitale lombarde. L'abstraction y domine et ne me demandez pas pourquoi il en est ainsi. Cette forme de peinture a trouvé refuge dans cette cité et y prospère, d'ailleurs avec un certain succès. Sans être véritablement figuratif, Ariel Soulé a maintenu la figure dans ses oeuvres, d'une manière un peu étrange d'ailleurs, car ces personnages sont presque indéchiffrables. Mais ils font partie d'une composition assez savante où, souvent, le sujet est recouvert d'un large grillage régulier, exécuté avec des lignes noires bien régulières. Il n'y a pas de règle dans ces ouvrages, qui ne font référence à aucun des grands mouvements de la « tradition du nouveau ».
Il ne fait cependant pas partie de ceux qui pensent que l'art de la peinture est terminé -, suranné, déplacé à une époque qui est en quête de bien autre chose. Bien au contraire. Mais sa façon de concevoir la peinture peut laisser le spectateur un peu interloqué car, à première vue, il peut avoir du mal à en comprendre les arcanes.En effet, ses vivants sont parfois enfermés dans de larges sac colorés dans un espace dont on ne saurait mesurer la réalité physique. Et ils flottent, isolés ou rapprochés les uns des autres, mais sans jamais entretenir un véritable dialogue (peut-être ne suis-je pas capable de saisir ce dialogue. Enigmatiques par définition, presque intraduisibles ces toiles qui sont - il faut le noter - toujours de la même dimension, ne sont pas imaginé toujours de la même manière, même si leur atmosphère demeure dans un esprit assez voisin (mais, encore une fois, toujours différent). Au fond, ce qui nous gêne, ce sont ces figures, dont on ne sait rien et qu'on ne saurait même pas décrire la plupart du temps.
Bien sûr, un tableau abstrait nous jette souvent dans le même trouble, mais ici, ces présences nous donnent du fil à retordre. Le monde est perçu comme un étrange rêve où pas grand-chose n'est discernable à part les couleurs et la plupart des lignes. Il se pose en sphinx. Mais là, la réponse n'est pas aussi simple que dans le mythe antique ! Il est évident que cette perturbation et de la vision et de al pensée est déterminante car c'est le sésame paradoxal de son univers. Il dérange et attire en même temps car la construction des tableaux demeure prégnante en dépit de l'absence de perspective et de boîte noire ! La peinture reste un langage qui surprend et interroge et défait les habitudes même des individus les plus cultivés. C'est bien une poésie muette, comme l'avait écrit Cicéron. Mais reste à percer les codes de ce microcosme mystérieux. Cette poétique qui nous fige sur place ne répond pas à nos questions. C'est bel et bien une peinture renversante et bouleversante...
Felicità, Serena Giuliano, Robert Laffont, 208 p., 18, 90 euro.
Felicità est une jeune femme qui a choisi comme profession d'organiser des mariages dans la région de Milan, sur les bords du lac de Côme..Cette activité lui plaît beaucoup. Mais un drame survient : elle vient de perdre sa meilleure amie Azzurra et ne s'en remet pas. Elle cherche à lui parler en allant sur sa tombe où en lui envoyant des messages électroniques. Elle est très attachée à la fille de son amie, Bianca, mais son mari avait déjà décidé de partir s'installer en Sicile. Son existence est désormais un dialogue permanent avec Azzurra, que notre héroïne vit comme une absence douloureuse. Elle n'en poursuit pas moins son travail et nous la suivons dans la préparation d'une union heureuse et puis d'une désunion pathétique. Ce roman est d'une lecture facile : les phrases sont courtes, le langage employé est très simple et l'intrigue facile d'accès. C'est un peu du niveau des photos-romans d'autrefois. Il y a derrière tout cela un savoir-faire évident, mais pas vraiment une conception profonde du roman !
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Gérard-Georges Lemaire 28-03-2024 |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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