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[verso-hebdo]
16-05-2024
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Frank Stella 1936-2024
A propos de Frank Stella qui vient de nous quitter, le 4 mai 2024, Alfred Pacquement écrivait, en 1988, « qu'il n'y a plus de figure, ni fond, ni même composition, mais coïncidence entre le sujet du tableau et son format », et il observait que Stella saurait tirer les conclusions d'une telle démarche pour aboutir aux toiles découpées, ou plus exactement, au principe de la structure déductive qui fut au fondement de sa première grande période. Les Shaped canvases ont été présentées à la galerie Léo Castelli en 1959. Le jeune peintre était alors âgé de 23 ans, il avait suscité un énorme événement avec les quatre toiles envoyées à l'exposition collective Sixteens Americans dont Dorothy Miller était la commissaire pour l'art américain.

Les toiles de Stella étaient recouvertes mécaniquement d'un pattern régulier et répétitif de bandes noires exécutées sur la toile non préparée au moyen commercial et au moyen d'une brosse de peintre en bâtiment de deux pouces 1/2 de large. Le châssis, d'une épaisseur inusitée par rapport à la largeur de l'oeuvre, était accroché de manière à détacher visuellement du mur la surface peinte. Dans le catalogue, c'est Carl André, qui sera bientôt connu comme sculpteur minimal, qui fut chargé par Stella de le présenter : « Préface à la peinture en bande. L'art exclut ce qui n'est pas nécessaire. Frank Stella a trouvé nécessaire de peindre des bandes. Il n'y a rien d'autre dans sa peinture. Frank Stella ne s'intéresse pas à l'expression ou à la sensibilité. Il s'intéresse aux nécessités de la peinture. Les symboles sont des jetons que les gens se passent. La peinture de Frank Stella n'est pas symbolique. Ses bandes sont le chemin de son pinceau sur la toile. Ces chemins ne mènent qu'à la peinture. » Carl André.

Stella et son premier théoricien semblaient apporter de l'eau au moulin de Clément Greenberg qui mettait alors en forme ses idées à partir la seule Modernist Painting, laquelle allait être publiée en 1961 et devenir la référence incontournable des artistes qui se succèderaient après l'expressionnisme abstrait. Greenberg n'y présentait pas l'expressionnisme comme une succession de révoltes, mais comme la consolidation progressive, par la peinture, de son aire de compétence propre. Pour lui, Manet et Monet, puis Matisse et Picasso, enfin Pollock et Barnett Newman préparaient l'avènement d'une peinture réduite à sa pure planéité. Mais ce n'étaient pas les bandes de Stella, c'était autre chose. On entrait dans un autre domaine dans lequel Stella avançait depuis de nombreuses années. Ce domaine n'avait plus rien à voir avec le minimalisme.
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
16-05-2024
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
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D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com