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[verso-hebdo]
22-03-2012
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La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau |
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| Franco Adami, sculpteur de notre temps |
Il arrive parfois que l’on parle de « sculpteurs » à propos d’artistes travaillant en trois dimensions comme Richard Serra ou Carl André, mais l’on se trompe : leur art n’est pas spécifique, il est générique. Ils font de l’art, un point c’est tout, et leur minimalisme triomphe à l’échelle planétaire depuis des décennies. Malheur à ceux qui, comme Franco Adami, demeurent fidèles à la notion traditionnelle de sculpture, héritée en l’occurrence de Brancusi ou surtout de Zadkine, et réalisent des objets esthétiques en marbre de Carrare, en bronze ou même en argent massif. Ils devront subir la condescendance apitoyée des représentants branchés du « monde de l’art » tel qu’il est aujourd’hui. Franco Adami sera à leurs yeux, au mieux, un « moderne », mais en aucun cas un « contemporain ». Heureusement que l’intéressé n’en a cure : italien célébré dans son pays (il a reçu en 2008 la médaille d’or du Président de la République Italienne pour l’Art et la Culture), il reste attaché à la France où il vit une grande partie de l’année et qui l’apprécie pourtant si peu. Sa galeriste, Marie-Claude Goinard, ayant fermé son espace parisien de la rue Visconti, c’est à La Baule, galerie Tony Rocfort qu’il expose ses créations récentes (du 7 au 28 avril).
Chez Franco Adami, le style n’est pas un procédé dont il use, il est bien plutôt sa démarche inimitable, la même à travers les méandres d’une production exceptionnellement féconde qui se confronte avec élégance à la vérité du réel sans jamais tomber dans le piège du réalisme. Toute son aventure plastique nous démontre que l’art ne peut être lui-même qu’en renonçant à imiter le caractère de réalité du réel. Devant L’Oiseau Maternité ou la Femme Girafe, nous n’hésitons pas un instant à reconnaître les animaux qu’il désigne, et pourtant ces formes demeurent infiniment loin de la réalité qu’elles suggèrent. C’est que l’objet esthétique selon Adami est un objet éminemment réel, mais qui ne prétend nullement produire en lui le réel : il se contente de le dire, et, en disant, le découvre. Entre réel et représenté il n’y a jamais équivalence, pas plus qu’il n’y en a entre perception usuelle et perception esthétique. Ce que nous dit Franco Adami n’est pas la « réalité du réel », mais un sens poétique du réel qu’il sait exprimer.
Voilà pourquoi Franco Adami est particulièrement à l’aise avec les mythes et les dieux, dont le caractère de réalité ne cède rien aux autres éléments du monde. Horus, chez lui, est double, ce qui en augmente la majesté. Avant d’être un faucon, c’est bien la divinité égyptienne qui passe à travers les lignes épurées de la sculpture. Il n’est pas indifférent qu’Horus ait particulièrement inspiré Franco Adami : n’incarnait-il pas l’ordre pour les Egyptiens, et n’était-il pas autant et plus que Pharaon le garant de l’harmonie universelle ? Le faucon solaire était l’un des mythes les plus syncrétiques des croyances, or toute l’œuvre d’Adami est magnifiquement syncrétique. « Dans mon esprit, dit-il, la création esthétique doit être un vecteur de libération individuelle et collective ». Or cette ambition est réalisée tout simplement parce que la vérité de l’objet esthétique ainsi entendue est à la source de ce qu’il faut bien appeler la beauté. C’est la beauté qui pourrait être vecteur de libération pour les hommes en quête de sens. Encore faudrait-il que leur subjectivité soit en éveil devant ce que leur offre un artiste comme Franco Adami, authentique sculpteur de notre temps.
( www.francoadami.wordpress.com)
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| Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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