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[verso-hebdo]
19-04-2012
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Dick, Kleinberg, Renard : présence de l’expressionnisme |
J’ai été frappé en apprenant, le 26 mars dernier, qu’une des meilleures économistes de sa génération, l’Argentine Astrid Dick (39 ans), lauréate 2012 du prix Europlace du meilleur article d’actualité de recherche en finance, abandonne l’économie pour se consacrer exclusivement à son activité d’artiste. On devine que je me suis précipité sur internet pour découvrir les œuvres de ce peintre hors du commun. J’ai découvert un talent expressionniste évident. Astrid Dick a été récompensée pour des recherches de 2006 qui annonçaient que la « dérégulation », c’est-à-dire la liberté entière donnée aux banques d’agir comme elles l’entendaient, allait aboutir au surendettement des ménages les plus vulnérables et à une catastrophique cascade de faillites personnelles aux Etats-Unis. Deux ans plus tard, la crise des subprimes et ses conséquences planétaires venaient vérifier la pertinence de l’analyse de l’économiste. On comprend le désarroi et le dégoût de cette dernière : « je ne peux pas vivre sans l’art, qui nous aide à nous connecter aux autres humains, alors que la vie est si difficile, et à trouver de l’espoir ». On comprend aussi que sa peinture soit expressionniste : historiquement les premiers artistes ainsi qualifiés étaient contre la douceur impressionniste. Ce n’était pas une tendance, mais un état d’esprit. Aujourd’hui, des peintres expressionnistes réagissent avec énergie contre tout ce qui est acceptation du monde tel qu’il est : c’est le cas d’Astrid Dick, et aussi de Fred Kleinberg et Emmanuelle Renard.
Fred Kleinberg, né en 1966, intitule son exposition à la galerie Messine Territoires d’héroïsme et de fureur (du 25 avril au 25 mai), et réunit des peintures des douze dernières années. « Depuis plus de vingt ans, explique-t-il, je développe un travail de peinture et de dessin qui vise à interroger essentiellement la place de l’homme dans l’univers, dans son environnement, choisie parfois, subie souvent. Je crois que ma peinture d’histoire et de métaphore, souvent qualifiée à mon insu d’expressionniste, relève d’un certain art de la vérité et de la réconciliation, qui, en cette crise de début de siècle, commence à s’imposer sur la scène mondiale. » Kleinberg est un grand voyageur, qui cherche son inspiration à travers le monde, principalement l’Inde et la Chine. Sa palette est vive, voire stridente. Il aime le vermillon, mais aussi le noir et blanc. Il est animé par une certitude : la cruauté du réel va au-delà de ce que peut concevoir l’homme. On ressent fortement, devant ces grandes compositions expressionnistes, que, pour le peintre, faire et être sont une seule et même chose.
Emmanuelle Renard, née en 1963, intitule quant à elle son exposition à la galerie Polad-Hardouin Héroïque fantaisie (du 2 mai au 9 juin). La série qu’elle présente a été commencée au Maroc, à Rabat, puis poursuivie dans son atelier parisien. Il s’agit d’un univers fantastique venu des livres de contes en principe destinés aux enfants, où pourtant la magie côtoie le monstrueux. Emmanuelle Renard crée pour l’occasion un espace fluctuant et perméable, où intérieur et extérieur se confondent. Elle reste fidèle à ce qui fait l’intensité et l’originalité de sa démarche : la fréquentation des archaïsmes les plus enfouis lui permet d’entrer de plain-pied, par les seuls moyens de la peinture, dans l’actualité, même la plus immédiate, la plus terrible comme lorsqu’il s’est agi d’un tsunami vécu en Asie. L’artiste nous fait participer à ce qu’elle éprouve avec une élégance qui n’a rien de détaché : depuis la tragédie grecque, nous savons que les véritables artistes sont ceux qui sont capables de poser les questions éternelles avec un accent nouveau. C’est bien le cas de Kleinberg et Renard, qui, comme Astrid Dick, tentent de surmonter la vie si difficile et de trouver l’espoir.
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J.-L. C. verso.sarl@wanadoo.fr 19-04-2012 |
P.S. : Verso n°63 est en ligne ce jeudi, avec un dossier dirigé par Gérard-Georges Lemaire à ne pas manquer : Claude Jeanmart, artiste remarquable et relativement peu connu. |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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