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[verso-hebdo]
20-05-2010
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La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau |
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Un modèle d’exposition réussie :
Finoglio à Lille |
Qu’est-ce qu’une réussite en matière d’exposition muséale ? La conjonction d’un sujet neuf, d’œuvres inédites et d’une présentation originale bien adaptée. Ces trois conditions sont remarquablement réunies au Palais des Beaux-Arts de Lille avec Paolo Domenico Finoglio, la Jérusalem délivrée (jusqu’au 12 juillet). Il faut y courir.
Le sujet est neuf en France : découvrir le maître napolitain baroque Finoglio (1590-1645), absent des collections nationales, un artiste réputé caravagesque, qui avait bien regardé aussi l’œuvre des Gentileschi père et fille.
Les œuvres présentées sont inédites : dix tableaux monumentaux venus du château de Conversano, dans les Pouilles, où ils avaient été installés en 1642 à la demande du commanditaire, le comte Giangirolamo II Acquaviva d’Aragon. Il s’agit d’un cycle déclinant les exploits chevaleresques et les amours tragiques des héros de la première Croisade, à la fin du XIe siècle, à partir du texte de Torquato Tasso dit Le Tasse (1544-1595) intitulé La Jérusalem délivrée.
Enfin et peut-être surtout, la présentation est originale et bien adaptée. Le directeur du Palais des Beaux-Arts, Alain Tapié, qui fut notamment le commissaire de la splendide exposition de 2003 au musée de Caen, Baroque Vision Jésuite, du Tintoret à Rubens, a confié le colossal atrium de son musée à l’artiste Alain Fleisher, cinéaste et écrivain. Ce dernier a choisi de ne pas accrocher les tableaux aux murs, mais de les présenter comme des sculptures, sur des socles creux, selon une diagonale traversant l’atrium (le style baroque ne repose-t-il pas sur la diagonale ?). « Il me restait à induire un parcours du visiteur qui permette de souligner le caractère narratif de cet ensemble d’œuvres, écrit Fleisher, en relation avec les chapitres d’un grand texte littéraire. Alors est venue l’idée d’alterner sur la diagonale un recto et un verso, une surface de peinture et le revers de la peinture suivante, qui sera visible de l’autre côté. Ainsi le visiteur est invité aussi bien à suivre une continuité linéaire qu’à tourner autour des œuvres, et à effectuer un aller-retour… » Le résultat est passionnant ; ajoutons qu’un petit guide de visite gratuit et très bien fait permet de comprendre les liens entre chacune des grandioses compositions de Finoglio et le texte du Tasse.
En sortant du Palais des Beaux-Arts de Lille, ne manquez pas de traverser le boulevard de la Liberté et d’entrer dans la galerie Raison d’Art, au 153 bis, vous y découvrirez notamment Duytter, peintre de paysages urbains inspirés par des photographies, des paysages lillois exécutés avec une sensibilité et une poésie absentes de la tradition hyperréaliste. Cela vaut vraiment un petit détour avant d’aller faire votre provision de gaufres chez le célèbre Meert !
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| Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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