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[verso-hebdo]
17-06-2010
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Buren avant Buren |
Quand on entre dans la galerie Kamel Mennour, on voit d’abord devant soi deux grandes compositions très élégantes, très décoratives, exécutées en 1964 par le jeune Daniel Meyer de Buren. La première, datée avril-mai (acrylique, papiers collés colorés et mine de plomb sur toile de lin, 187, 9 x 188, 8 cm), prouve que son auteur a fort bien regardé non seulement les maîtres de l’Ecole de Paris, mais aussi les expressionnistes abstraits américains ; il en propose une synthèse personnelle d’une force évidente. La seconde, de mai-décembre (acrylique et papiers collés sur toile – réentoilée - , 240,2 x 170, 2 cm) n’est pas presque carrée comme la précédente, mais joue de sa verticalité pour agencer lignes et formes avec beaucoup d’autorité : l’artiste n’est visiblement pas du genre hésitant alors même que l’œuvre a été longuement mûrie et élaborée ; il s’oppose avec éclat au pseudo-style de Georges Mathieu, alors au sommet de sa gloire avec des tableaux bâclés en quelques minutes.
Et voici qu’en tournant la tête vers la gauche, on découvre avec émotion l’apparition, sinon des bandes, du moins des « rayures » dans l’œuvre du premier Buren. Nous sommes en février-mai 1965 : une peinture émail sur toile fait apparaître, derrière une grande forme blanche, des premières rayures maigres (beaucoup moins de 8,7 cm de largeur) de différentes couleurs légèrement acidulées. Les « vraies » bandes buréniennes vont apparaître progressivement jusqu’en 1967, date à laquelle l’artiste aura achevé de penser sa démarche, qu’il appliquera par la suite avec une absolue rigueur. Cette année 1967 est celle du scandale suscité par Buren autour de l’exposition Quand les attitudes deviennent formes organisée par Harald Szeemann à Berne : non invité, il colle son papier rayé sur le musée et la voie publique, se fait coffrer par la police suisse, est rendu à la France sur intervention de Malraux et devient célèbre…
Ce qui est passionnant dans l’exposition de la galerie Kamel Mennour, c’est qu’elle propose, en contrepoint des peintures de Buren des années 1964-1966, des œuvres de Giacometti des mêmes années. On comprend comment le premier a mis en place un système qui fera de lui un artiste typiquement « contemporain », dont l’ « outil visuel » sera l’enjeu de débats passionnés puisque, après tout, il s’agissait très précisément de détruire la peinture et de contester radicalement les musées. On comprend de même comment, exactement au même moment, la quête pathétique par Giacometti de la vérité au-delà de l’apparence de la figure fit de lui un des plus grands de nos artistes modernes. Un moderne, pas un « contemporain ». Vous n’aviez pas bien saisi la différence entre moderne et contemporain ? Courez donc au 47 rue Saint-André-des-Arts 75006. Vous n’avez que jusqu’au 26 juin.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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