Ce volume, publié pour la première fois en 1959 demeure la Bible des peintres. Contrairement à ce qu’on a pu prophétiser, la peinture est toujours présente et bien présente, et bien des artistes de l’art contemporain n’utilise pas seulement les matières de synthèse. Gérard Garouste est l’un d’eux, et il a même pris auprès de lui un chimiste pour opérer de savants mélanges, entre les mélanges de la bottegha de la Renaissance et les manipulations dans le laboratoire de l’alchimiste ! Et il n’est pas le seul. Ce livre a deux qualités : la première est d’être bien écrit, avec clarté et simplicité, ce qui le rend accessible à tous, la seconde est qu’il est très précis et très complet. Bien sûr, on aurait aimé un ouvrage avec plus de références, d’autres exemples anciens et des anecdotes à foison, un peu comme le livre de cuisine d’Alexandre Dumas. Mais c’est déjà un monument, et un monument est volumineux par définition. Bien sûr, chaque artiste devra l’adapter à sa convenance, car chacun a ses recettes et ses secrets. Mais il possède, avec Xavier de Langlais, l’indispensable pour son apprentissage et pour son perfectionnement. Peut-être faudrait-il maintenant imaginer un autre livre qui explique les techniques de la peinture à l’huile dans une optique historique (ce qui ne saurait être considéré comme une concurrence, mais une autre façon d’envisager le problème). Et même les néophytes comme moi, qui n’ont jamais touché un pinceau depuis l’école primaire, ont beaucoup à y apprendre s’ils veulent pénétrer au cœur de la recherche des maîtres d’autrefois et de nos jours.
La Technique de la peinture à l’huile, Xavier de Langlais, Flammarion, 576 p., 25 €.

On traite avec mépris la littérature de vulgarisation. Alain Jaubert est parvenu à faire deux gros volumes qui entrent dans cette catégorie et qui peuvent être lu par un vaste public à condition qu’il s’intéresse un tant soit peu aux arts. Il l’avait déjà démontré à la télévision avec son émission « Palettes », qui a été par la suite plagiée à qui mieux mieux. Ce qu’il a entrepris dans ces deux livres, c’est de permettre au lecteur de pénétrer à l’intérieur d’un tableau, de comprendre le pourquoi et le comment d’une illustration et même de comprendre le mécanisme d’un film comme La Fiancée de Frankenstein. Nulle ambition chez lui de remplacer l’historien d’art ou le spécialiste. Mais loin de lui en même temps l’idée de considérer le néophyte avec mépris. L’initiation qui lui propose est plaisante, mais elle est subtile et érudite, très bien faite et profonde. Quelqu’un qui aura lu ce qu’il a écrit sur La Nef des fous de Jérôme Bosch, sur Job raillé par sa femme de Georges de La Tour ou sur la statue équestre de Louis XIV du Bernin qui se trouve aujourd’hui non loin de la pyramide du Louvre, réalisé plus de deux siècles après le voyage du grand architecte italien à Paris ou encore sur Le Port de Marseille de Joseph Vernet en ressortira non seulement plus savant sur ces œuvres, mais aussi transporté par le style de l’auteur qui ne tombe jamais dans les traquenards du genre. Ces deux livres s’adressent à tous, je le répète. Mais je les conseille à des adolescents qui découvrent le monde de l’art pour l’aimer et le comprendre.
Lumière de l’image, Alain Jaubert, tome 1, 386 p., tome 2, 352 p., Folio, 7,80 € chaque.