L’ouvrage qu’on vient de rééditer du regretté Michel Makarius est certainement un outil fondamental pour envisager une approche nouvelle de la question. Son analyse des ruines telles qu’elles se présentent depuis la Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle est très pertinente, mais n’apporte pas une vision nouvelle de la question : l’auteur est parvenu à une synthèse remarquable de Mantegna à Piranèse. De plus, il a introduit dans cette perspective les désastres modernes, comme le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. Mais la partie la plus passionnante de son travail réside dans la partie qui conduit du XIXe siècle à nos jours. Même l’art moderne a connu cet amour des ruines. Après avoir étudié la ruine gothique, qui prend une place immense dans la littérature romanesque allemande, française et anglaise, il met en relief le changement de mentalité qui est introduit par l’archéologie au XIXe siècle, mais aussi par le biais de la pensée, à commencer par Alois Riegl. Et cet amour à la face de Janus se retrouve de manière inopinée dans l’art récent, de Liechtenstein aux Poirier, de Karel Willink à Tosani. Ce livre va devenir un classique, un ouvrage de référence incontournable...
Ruines. Représentations dans l’art de la Renaissance à nos jours, Michel Makarius, « Champs/arts », Flammarion, 288 p., 12 €.

Ce petit livre (savoureux par définition) a été produit à l’occasion de la très belle exposition de Françoise Pétrovitch, une jeune artiste qui a travaillé sur le thème de l’enfance (une petite fille) et de l’animalité, dans un jeu de complémentarité mythologique mais aussi physique. Elle a joué sur l’ambiguïté des matériaux qu’elle emploie (par exemple, des assiettes décorées de ses figures mais qui sont en réalité en carton léger). Ses sculptures sont particulièrement réussies et dans le cadre enchanté de ce musée qui est sans doute le plus attachant de Paris par le soin apporté par le conservateur à faire cohabiter des œuvres anciennes et des œuvres contemporaines sans créer cette sensation de malaise, de contraste gênant ou de pseudo pied de nez au bon goût. Au contraire : tout ici est d’un goût exquis et aussi très parlant. Les créations de François Pétrovitch, qui sont une lointaine émanation d’Alice au pays des merveilles, mais aussi des fables de Perrault, s’inscrivent avec un humour léger (avec des arrières pensées moins légères !) dans ce décor idéal. Claude d’Anthenaise n’a pas pris le ton du critique, mais plutôt celui de l’écrivain. Il a composé sur le thème de Bambi, un personnage créé par le Hongrois Félix Salten (son ouvrage a paru en 1923) dont s’est emparé Walt Disney en 1942. Bambi reflète toutes les contradictions que l’homme peut connaître face au monde animal : la plus extrême cruauté est liée à la nécessité, et où l’imaginaire humanise les animaux. Ses digressions qui vont de l’art gastronomique jusqu’à l’ethnologie, en passant par les règles de la chasse, se fondent en un récit écrit avec un rare bonheur, rappelant dans des termes modernes, les contes philosophiques de l’ère des Lumières. C’est un beau livre en même temps qu’une lecture fine de la recherche de l’artiste.
L’Art d’accommoder le gibier, Claude d’Anthenaise - Françoise Pétrovitch, Le cabinet des lettrés/Maison de la Chasse et de la Nature, 64 p., 15 euros.