Voici un ouvrage extrêmement précieux. Précieux pour l’amateur d’art, l’historien et même le jeune praticien. Il nous révèle en effet les nombreuses techniques de la gravure, de la gravure sur bois à la gravure sur zinc, de la lithographie à la gravure sur verre. Cela devrait déjà suffire à notre bonheur. Mais c’est aussi une histoire, avec ses grands maîtres, Dürer, Rembrandt, Goya, ses maîtres moins connus, comme Jacques Bellange, ou ceux qui en ont fait leur mode d’expression presque exclusif, comme Piranèse par exemple, et tous ces artistes qui ont voulu s’exprimer aussi par ce biais comme Vuillard, Picasso, Odilon Redon, Bonnard ou Edvard Munch. Si on lit avec attention ces pages, je ne dis pas qu’on deviendra un expert, mais déjà un amateur averti. C’est déjà beaucoup. L’autre intérêt que présente le travail de Lorenza Salamon est de nous faire connaître la gravure extrême-orientale et les modalités nouvelles de la gravure moderne, dont Andy Warhol et Joseph Beuys qui en ont indiqué les grandes ambitions. En somme, « Comment regarder la gravure fait partie de ces volumes qui doivent faire partie de la bibliothèque de l’honnête homme (ou de l’honnête femme !) du XXIe siècle.
Comment regarder la gravure, Lorenzo Salamon, Hazan, 336 p., 27 €.

Christian Jaccard a produit une œuvre née de deux aspirations différentes, mais non contradictoires. La première a consisté à se rapprocher des principes de déconstruction édictés par le groupe Supports/surfaces à la fin des années soixante. Il a utilisé la toile libre et des modes de réitération formels. La seconde a été de reprendre une expérience menée par Yves Klein qui a brûlé la surface de ses toiles – ou plutôt, qui a laissé l’empreinte d’un foyer sur une surface blanche. Peu à peu, le feu devient son moyen d’expression majeur. Et il y est encore aujourd’hui. A ces deux premiers axiomes de base, il faut ajouter une autre obsession : celle des nœuds, des ligatures, de toutes les manières de faire des liens, inspirés aussi bien des techniques de la marine que de la torture. Donc Jaccard a poursuivi sa recherche en mettant l’accent sur un aspect plus que l’autre, ou en associant deux de ces aspects. Récemment, ses constructions surnodales, qui sont des « sculptures » faites à partir de gros nœuds peints uniformément en blanc et qui prennent des aspects étranges et inattendus se distinguent tout à fait de ses spéculations sur l’élément du feu. Ce qui est nouveau dans cet ouvrage, ce sont les grands installations ou les murs sont « peints «  grâce à des calcinations et ou des rais de feu procure à l’ensemble une intensité assez impressionnante, comme on l’a vu dans la chapelle la Sainte-Trinité. Les Ombres de brûlis sur fond colorés, qui l’ont précédé, sont aussi très impressionnants. Sa démarche solitaire reste originale et intrigante. Elle fait de lui l’un des artistes les plus intéressants de sa générations.
Christian Jaccard, énergies dissipées, Dominique Chateau, Bertrand Chauveau Editeur, 126 p.