Bibliothèque de l’amateur d’art
par Gérard-Georges Lemaire
Faites entrer l’infini est une revue originale dédiée à la mémoire d’Aragon et d’Elsa Triolet. On y trouve des dossiers passionnants car l’univers de ces deux écrivains fut immense. Dans cette dernière livraison, la rédaction a choisi de nous faire découvrir un peintre méconnu, Jean Amblard. Paul Eluard et Elsa Triolet ont écrit sur lui, mais une sorte de silence plombé s’est imposé après sa disparition. Il est mort en 1989 et il n’a pas eu droit à une rétrospective. Et personne ne se passionne plus pour ses créations. Pourtant, ses carnets des Maquis de France avaient été publiés en 1953, et ils ne concernent pas que l’histoire, mais représente un beau travail plastique. C’est le type même de l’artiste figuratif qui n’a pas fait le choix entre les courants dominants de son époque. Chaque fois, la revue nous réserve ce genre de surprise et souvent des documents rares ou inédits ainsi que des dossiers très riches et abondamment illustrés.
Faites entrer l’infini n°52, Société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, 23 allée Paul Langevin, 78210 Saint-Cyr-L’Ecole.
Le musée du Montparnasse vient de consacrer une exposition à Francis Carco : « Francis Carco, bohême d’artistes ». On vient de rééditer récemment dans la collection « Bouquins » l’essentiel de son œuvre romanesque. Mais il a été pas mal oublié et plus personne ne voit les films qui ont été tirés de ses romans.. On le voit à l’époque du Lapin Agile à Montmartre et dans les lieux mal famés du Paris d’autrefois. Cette manifestation a eu lieu à l’occasion de la publication d’un livre inédit, Le Paris de M’sieur Francis. Cet ouvrage contient des nouvelles, des reportages (il nous emmène à la prison de Saint-Lazare qui n’existe plus de nos jours), rue Pigalle, dans le quartier de La Chapelle, des « vues « de Montmartre qu’il a tant chéri et tant chanté, et puis des poèmes et des chansons. Toutes choses qu’il avait laissées là avant de s’éclipser loin de Paname. Ce retour de Carco dans notre imaginaire est logique : la capitale qu’il n’a cessé de parcourir, comme l’avait fait Léon-Paul Fargue, le célèbre « piéton de Paris » ou Pierre Mac Orlan, mais en nous en dévoilant la face peu reluisante de la médaille, mais aussi la plus authentique, a disparu depuis longtemps. C’était le Paris des apaches et des putes, des soiffards, des paumés, des maquereaux et des caves. Les endroits qu’il fréquentait ont eux aussi disparu ou sont devenus des sortes de musées. Tout cela paraît aussi loin et exotique que le Paris des Misérables ou de celui dépeint par Eugène Sue. Et, il ne faut pas l’oublier, c’est aussi le Paris de ses amis artistes, de Modigliani aux peintres du Bateau Lavoir. C’est logique en somme, mais c’est bien que ce musée si charmant et si attrayant ait eu cette idée-là.
Le Paris de M’sieur Francis, Francis Carco, édition de Gilles Freyssinet, Arcadia Editions, 384 p., 20 €.