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[verso-hebdo]
07-09-2017
La chronique
de Pierre Corcos
Spectacles
Le spectacle n'est pas seulement, comme son étymologie le signale, ce qui apparaît sous les yeux (spectaculum = ce qu'on regarde) mais, conçu pour un public expressément rassemblé là, il peut englober tous les arts qui s'adressent à la vue et à l'ouïe, choisir son espace, instauré comme lieu de représentation, sa durée propre qui transcende, fait oublier le temps ordinaire, et même, par ses dimensions multiples, exubérantes, devenir une fête... Les spectateurs ne pourront participer à cette fête que mentalement : c'est dans leur tête que tout éclate en gerbes, feux d'artifice ! Dès lors, les critères d'appréciation d'un spectacle, au sens plein, diffèrent de ceux d'une pièce de théâtre, reçue comme un texte précis, interprété et monté spécifiquement par un metteur en scène. Dans un spectacle, on privilégie la dimension synthétique, festive, la convergence des divers moyens esthétiques, pour que tout ça déborde, se répande, emporte les spectateurs... Alors, sans hésitation, on peut affirmer que le spectacle Lorenzaccio d'après Alfred de Musset, se déroulant en plein air devant la façade du château de Grignan, spectacle où la chorégraphie (Marie-Claude Pietragalla, Julien Derouault), la mise en scène (Daniel Mesguich, Marie-Claude Pietragalla, Julien Derouault), la création vidéo 3D (Gaël Perrin), la création musicale (Yannaël Quenel), la création costumes (Sylvaine Colin) ont su concourir tous à l'effet d'ensemble, a été une prouesse jubilatoire.

Ce spectacle s'est joué jusqu'au 19 août, avec un franc succès, dans le cadre de la 31ème édition du festival des Fêtes nocturnes de Grignan... Il suffit d'y repenser un minimum pour se rendre compte que la réussite dans ce genre de spectacle ne va nullement de soi. La logique d'un metteur en scène aussi chevronné que Daniel Mesguich, qui veut surtout donner le texte théâtral à entendre (au double sens du verbe), ne croise pas forcément celle d'une chorégraphe aussi fougueuse que Marie-Claude Pietragalla, pour qui telle scène peut devenir l'occasion de danses lyriques et sauvages. Et l'on imagine aisément Gaël Perrin tenir à son beau flamboiement sur la façade du château à tel moment, et Yannaël Quenel à ses excellents morceaux de musique ici et là. La discordance peut facilement s'imposer et, du coup, le spectacle ne pas prendre. Le feu d'artifice attendu fait alors pschitt comme un pétard mouillé !... Et, à ce propos, une autre difficulté, et non des moindres : il s'agit d'un spectacle en plein air, donc pas de fête si la pluie, l'orage s'en mêlent. On peut à la rigueur intégrer quelques éclairs zébrant la nuit comme des éclairagistes jupitériens, mais pas une averse, c'est impossible. Enfin, une équipe nombreuse, hétérogène signifie bien entendu quelques risques accrus de fragilisation. Alors, n'est-ce pas le rôle du critique d'attirer l'attention sur les difficultés a priori d'un spectacle, quand celles-ci justement furent avec brio surmontées ?
Mais venons un peu aux difficultés inhérentes à la pièce de départ elle-même, Lorenzaccio. Ce drame historique (la Florence du temps d'Alexandre de Médicis) et politique (l'acte de révolte individuel ne résout rien) est vécu ici à travers un drame existentiel, celui du pathétique Lorenzaccio qui, voulant donner enfin un sens à sa vie, en comprend l'irréfragable absurdité. Témoignant du tragique, de l'éternel conflit du pur, de la vertu et de l'impur, de la débauche, la pièce multiplie les ouvertures, les thèmes adjacents : de quoi répondre à toutes les attentes par ce foisonnement de tableaux... La mise en scène de Daniel Mesguich réussit à valoriser, moderniser la problématique existentielle du héros par-delà cet épisode de l'histoire florentine. Julien Derouault, danseur et acteur, incarne l'ambivalence de Lorenzaccio, figure du poète romantique, funambule instable, tenté par les plaisirs, l'action politique ou l'esthétisme. Les séquences chorégraphiées vibrantes que signe Marie-Claude Pietragalla agissent comme des intertextes corporels, expressifs, dans une oeuvre ardue, complexe. Les spectateurs, accrochés par ce drame romantique, existentiel, découvrent en même temps une fête prodigue du son, de la parole, du mouvement, des lumières et des couleurs qui les ravit.

Un autre spectacle, que les spectateurs ne sont pas près d'oublier, a été offert fin juin à la Maison de la Culture du Japon à Paris. On sait qu'exigeante dans sa programmation variée, en prise directe avec la création japonaise contemporaine autant que soucieuse de nous rappeler, d'exalter maintes formes d'expression traditionnelles - musicales et théâtrales -,la MCJP enchante toujours son public... Tokyo dance ! a permis, par la musique, la danse, les lumières, à des artistes originaux de montrer leur étonnante créativité. Maki Morishita, s'inspirant d'un quotidien révolu, nous a montré dans Espace personnel ce qu'on peut faire avec le corps dans un espace exigu, tandis que Takao Kawaguchi, dans Good Luck, nous propose une chorégraphie et un mime pathétiques, étrangement ralentis. La mention va cependant à Alphard et Mikiko Kawamura : arrangements musicaux, mise en scène, lumières, chorégraphie, tout est d'elle ! Son inventivité, sa plasticité, sa maestria transforment un spectacle de danse en un spectacle total. Multipliant à loisir formes et figures, elle semble faire surgir de l'obscurité un monde extraordinaire de démons... 25 minutes qui font éternité.
Pierre Corcos
07-09-2017
 

Verso n°136

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