Esthétique
La Science devenir de l’art

par Thierry Laurent

mis en ligne le 06/10/2010

Avec le vingtième siècle, l’art franchit un nouveau pas vers l’immatériel. Avec l’Abstraction, l’art devient le reflet d’une  « nécessité intérieure » (Kandinsky). Yves Klein ne cherche pas tant à satisfaire le plaisir rétinien à travers ses expositions du « Vide » ou ses monochromes bleus, qu’à montrer l’espace.

Avec le ready-made, (et toute les formes d’art qui en découlent, art minimal, conceptuel, etc) l’art s’achemine définitivement vers l’effacement du «  faire » de l’artiste au profit de la seule «  idée », exprimée à travers un choix d’objets déjà existants. Le discours revêt une importance capitale. Discours de l’artiste sur son œuvre, mais aussi discours des regardeurs de l’œuvre d’art (spectateurs ou critiques,) tous invités à donner leur libre interprétation d’une œuvre désormais « ouverte ». L’œuvre devient le phénomène déclencheur de la parole, du débat. Elle a pour vocation de donner à réfléchir, d’expliciter une idée du monde. Peu importe qu’elle soit belle, pourvu qu’elle soit pertinente.

Le critique américain Arthur Danto, dans sa très célèbre analyse de la boîte de Brillo de Warhol, affirme que l’œuvre n’est pas tant la boîte de lessive, produite à des millions d’exemplaires sur les rayons de supermarché, que la signification, l’ interprétation, le discours généré par la démarche de l’artiste . Ce qui fait œuvre, c’est l’idée qu’elle induit, mais non sa matérialité, encore moins son impact visuel sur le spectateur.

Arthur Danto évoque également un art qui s’épuise vers sa forme postmoderne : un art qui renonce à faire acte de nouveauté, pour s’accommoder d’une multiplicité de références, empruntées autant à la société de consommation (pub, BD, kitsch), qu’aux formes savantes de l’art ancien. Il évoque une fin de l’histoire de l’art, l’avènement d’un art post -historique, un art qui se rapproche de la pure réflexion sur l’art.


En un mot, l’art n’existe que comme signe, symbole, expression d’une pensée de l’artiste, librement débattue et amplifiée par ceux qui regardent l’œuvre et qui contribuent ainsi à la prolonger. L’art est devenu dans sa globalité un langage de signes. Une pratique aussi visuelle que la peinture n’échappe pas de nos jours à la nécessité de produire du « logos ».

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