par Thierry Laurent
Pour Elisabeth Krief
« Maintenant, si nous disons que la beauté est l’idée,
c’est que beauté et vérité sont la même
chose… »
Hegel
Et si la science était le futur de l’art, un art qui aujourd’hui
s’épuise et n’a d’autre issu que les mathématiques ?
Tant il est vrai que l’art au cours de son histoire s’est s’assigné d’autres
finalités que la délectation du regard : des finalités
philosophiques, religieuses, voire intellectuelles. Et pourquoi pas, aujourd’hui,
scientifiques ?
L’art est d’abord dessin, peinture ou sculpture reproduisant la
nature tant pour la satisfaction du regard que pour la délivrance d’une
vision spirituelle du monde. L’artiste vise à satisfaire notre
sensibilité, (on parle d’esthétique), mais surtout à édifier
les consciences. De son côté, le philosophe Hegel décrit
l’art comme évolution vers l’intelligible : sa finalité est
de révéler l’essence du monde par le truchement de l’émotion
sensible. Le corps du Christ est une œuvre d’art parfaite :
Dieu, dans sa perfection absolue, s’offre à la sensibilité du
regard en s’incarnant dans un corps humain. L’art est une transcendance
qui se manifeste dans l’immanence du sensible, un universel qui se manifeste
dans la particularité de l’œuvre. Pour Hegel encore, si
la vocation de l’art est de montrer « l’Idée
absolue » du monde, son support évolue vers des formes forcément
de plus en plus immatérielles, telles que la musique, la poésie,
et finalement la philosophie.
Aussi, dans les faits, les œuvres d’art ont-elles évolué vers
leur dématérialisation au profit de leur signification conceptuelle.
Dès la Renaissance, les artistes se sont attachés à montrer
que l’art n’était plus une question de savoir- faire manuel
, mais que « l’invenzione » et la « cosa
mentale » devaient présider à l’élaboration
des œuvres.