Créée en 2020 par deux petits-fils de Dina Vierny, pal project est une galerie d'art émergent située dans le 7eme arrondissement de Paris. Du 11 janvier au 17 février elle présente la première exposition personnelle de Matisse Mesnil jeune artiste italien (né en 1989 à Castiglion Fiorentino) qui a choisi d'installer son atelier à Aubervilliers. Par ailleurs scénographe de cinéma, l'artiste travaille l'acier. Il aborde de lourdes plaques sur lesquelles il trace des signes figuratifs. Le titre de l'exposition, SOPRAVVIVO s'explique par la répétition de ce mot sur une plaque posée sur le sol de l'atelier, achevée par « forse », c'est-à-dire « je survis, je survis, je survis... peut-être. » Cette plaque doit être mise en rapport avec une autre, verticale, qui reproduit les derniers vers de La Ginestra, l'avant-dernier poème que Giacomo Leopardi composa au printemps 1836 en forme d'ode au genêt avant de s'en aller pour ne plus jamais revenir.
Le genêt, lui, repousse et se répand toujours, ce « genêt odorant, satisfait, face au désert, à la ruine ». Il en va ainsi des signes discrets qui affleurent sur les surfaces d'acier que Matisse Mesnil travaille à la fois comme une page et comme une pierre, entre inscription et sculpture. Ils cloquent le métal, comme s'ils s'efforçaient d'en remonter l'épaisseur jusqu'à l'air libre - jusqu'à la figuration - comme s'ils se refusaient à s'y noyer et s'y enfermer. L'artiste ne s'intéresse pas d'abord à la grande Histoire, mais plutôt aux signes infimes du quotidien laissés par des acteurs du passé. Il s'agit d'une « immersion dans l'infini » comme le disait Negri à propos du chant de Leopardi. A l'oeil attentif s'offre une foule de traces qui affirment que ce que l'on pense perdu nous rappelle en fait que, précisément, tout n'est pas perdu, et que le temps long de l'histoire n'est pas une affaire de chute ou d'élévation, mais de fluctuations auxquelles il faut demeurer sensible - de survivance, de résistance à la supposée marche du progrès. Parce qu'elle vient à nous comme une offrande, la présence de ces traces nous invite à considérer que « nous avons été attendus sur la terre ».
Matisse Mesnil, avec des techniques industrielles comme la soudure ou l'affûtage à la meuleuse, rejoue les moyens de la figuration dans ses genres les plus usités comme le paysage ou la nature morte. Le visiteur de la galerie est invité à la contemplation silencieuse. Dix huit pièces de dimensions variées, la plupart des soudures sur acier. La 18 est dite simplement « natura morta », elle mesure 30 par 20 cm.
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